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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
excessive et l’absence de lout esprit d’independance et de self-government
etabli sur des bases durables.
Dans la metropole, on se figure qu’on colonise avee les rebuts, les non-
valeurs, alors que, pour reussir da ns des conditions difficiles, il fautl’elite
des administrateurs, des bommes ardonts, z(51es, et des colons durs au
travail et d’une foi robuste.
Tandis que TA ngleterre envoyait a l’Amerique du Nord ees puritains
austeres qui fuyaient la corruption de la metropole, la France, a la meine
epoque, cedait a d’autres entrainements; des ministres mal informes, in
habiles et prevenus se montraient faciles aux courtisans, donnaient des
concessions de terre immenses et se pretaient ä des speculations finan-
ci^res desastreuses; le monopole paralysait toute industrie naissante; on
y vendait surtout le droit de chasse. Quelques gouverneurs capables et
devoues, comme Roberval et Cbamplain, chercherent ä arreter le mal
dans sa source; mais leurs efforts furent constamment paralys^s par le
gouvernement de la metropole en proie aux intrigues de toutes sortes.
Une politique fatale ne permit meme pas aux victimes de la revocation de
l’edit de Nantes de retrouver, ä quelques ^gards, une nouvelle patrie au
Canada. Les malheureux fugitifs durent aller aider de leurs lumieres et
de leur experience la puissance de nos voisins, et preparer la prosperite
industrielle et la grandeur de nos ennemis.
Quant aux colons, ils 4taient, a quelques exceptions pres, des fils de
famille et des soldats, venus a la recherche des moyens de faire fortune;
c’etaientdeshommes aucceur vaillant etgenAreux; mais, malheureusement,
negligeant le defrichement des terres, ils prefererent les profits et les
aventures de la chasse : tous furent d’intrepides trappeurs; les lacs et les
epaissesforets n’eurent pas de danger qu’ils ne bravassent. Ils ne se lais-
serent point arreter par les cataractes des lleuves. Toujours a la recherche
des perils, ils furent en lutte continuelle avec les sauvages, auxquels ils
disputaicnt le gibicr; courant partout, ils arriverent jusqu’aux bouches du
Mississipi, mais ne se fixerent nulle part, car on ne peut appeler etablis-
sements les quelques fortins qu’ils construisirent fa et lä sur d’immcnses
espaces au milieu et ä la merci des tribus hoslilcs. La famille ne put se
constituer d’une fafon serieuse avec une existence aussi aventureuse.
Ce fut la premiere faute; eile pouvait etre cependant reparee, comme
eile le fut plus tard , par la racc energique qui Tavait commise, faute d’une
direction convenable au debut; mais il y en eut une autrequi r4agit d’une
facon aulrement desastreuse sur l’avenir du Canada.
Tandis que les colons de la Nouvelle-Angleterre restaient oublies dans
leur coin, se gouvernant ä leur guise pourse voir soutenir victorieusement