EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
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journee se paye jusqu’ä 2 5 francs. Le journalier inexperimente, qui n’ap-
porte que ses bras sans avoir la moindre connaissance professionnelle,
recoit en hiver 5 a 6 francs par jour et 7 ä 8 francs dans ies Etats du
Pacifique. Pendant la moisson, alors qu’il faut songer ä sauver les recoltes
ä tont prix, la journee n’a pour ainsi dire plus de taux. La moyenne gene
rale des salaires dans les Etats du centre et de la Nouvellc-Angleterre est
de 7 fr. 70 cent. II ne faut pas croire d’ailleurs que l’entretien d’un ouvrier
agricole justifie ce taux des salaires. Si, a la ville, la vie est tres-dispen-
dieuse aux Etats-Unis, a la Campagne eile ne Test pas beaucoup plus
qu’en France; la nourriture est comptee dans les fermes a 2 francs par
jour et par ouvrier. La depense des agriculteurs en salaires equivaut donc
a une journde et demie d’homme par hectare exploite, ou ä trois journees
au plus par hectare en culture arable.
Ges cbiffres sont la cons^quence de la Situation economique de l’Ame-
rique septentrionale. La terre y abonde et est a bon marche; les colons ne
sont pas riches, ont peu de Capital, et la main-d’oeuvre est rare et dun
prix ^leve. Le Systeme logique de culture consiste ä faire predommer
l’agent de production le plus abondant, c’est-a-dire celui qui coute le
moins, la terre, et a reduire le plus possible l’emploi de celui qui coute le
plus, c’est-ä-dire le Capital et la main-d’oeuvre. Ce sont lä les conditions
que realise la culture extensive, aussi est-ce eile que nous trouvons gene-
ralis^e aux Etats-Unis. C’est la seule qui soit rationnelle, qui puisse y etre
avantageuse. Faire autrement serait faire de la mauvaise agriculture. Voila
pourquoi Washington a pu ecrire ä sir John Sinclair que les procedes de
l’agriculture anglaise ne pouvaient convenir aux colons americains, preci-
sement parce qu’ils etaient perfectionnes, et partout l’bistoire nous en-
seigne, en effet, que les emigrants d’un Etat riebe et bien cultive, qui ont
voulu transporter les systemes, le betail et les cultures de la mere patrie
dans les contrees peu habitdes et naissant ä la vie publique, ont toujours
echoue.
L’beure n’est pas encore venue pour les Etats-Unis de faire de I agri
culture intensive; celle-ci serait en ce momenl la negation du veritable
progres.
Les produits de cette culture extensive aux Etats-Unis ont atteint, en
1870 , une valeur de 2,/i/i8 millions de dollars (environ 1 2,2io millions
de francs) en grains, [laille, fourrages, coton, tabac, y compris la nourri
ture des bcstiaux. La valeur des animaux abatlus ou vendus pour etre
abattus s’est elevee, dans le meine temps, a 2 milliards de francs; en de-
falquant la valeur des fourrages consommes par les animaux de travail,
on peut eslimer que la jiroduction reelle des Elats-Unis en denrees agri-