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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
rendent la croissance de l’berbe et des racines fourrageres tres-luxuriante;
nulle plante ne se ddveloppe aussi bien a beaucoup pres dans leurs terres
que les gramin^es et les legumineuses des prairies; avec raison ils en
ont fait les outils de leur fabrique, dans les terrains bas, a sol argileux,
tres-fort, d’une culture difficile. Pour les terrains Ingers, ils ont encore
cherche la plante capable, avec leur climat, d’utiliser au maximum les
forces naturelles et les materiaux de l’atmosphere et du sol; ils ont trouvA
le turneps. Ils ont entin adopte la culture des trefles, du ray-grass et des
vesces: ils n’ontpas ete plus loin; mais quelle persevdrance et quels efforts
pour amener les vegetaux ä un grand degre de perfection! Nous en avons
deja parle.
Comme consequence, le Systeme agricole des Anglais cst tr&s-simple;
c’est incontestableinent celui qui exige le moins de science et de savoir-
faire; on ne trouve dans les fermes britanniques, ä peu d’exceplions pres,
ni f^culerie, ni dislillerie, ni huilerie, ni aucune aulre industrie annexe.
Le lin et le houblon sont pour ainsi dire les seules plantes industrielles
qu’on y rencontre, et encore ces deux vegetaux sont-ils peu repandus,
puisqu’ilsoccupent a peine 100,000 hectares 1 ; la beüerave ä sucre, qu’on
a essayd d’introduire en Angleterre, ne s’accommodepas aussi bien que le
turneps de l’humidite de son climat et de ses brumes epaisses; aussi sa
culture recule-t-elle au lieu de progresser. La ferme anglaise est en realite
une manufacture de fourrages.
Ce ne sont pas toutefois les conditions naturelles qui seules ont deter-
mine les cultivateurs du Royaume-Uni ä se specialiser pour ce genre de
production; ce n’est pas non plus par esprit de Systeme. D’autres circons-
tances ont influd sur leur ddermination: c’est, d’une part, la rarete crois-
sante des bras et la chert£ de la main-d’oouvre qui rendent la culture
arable de plus en plus difficile, et, de l’autre, le rencherissement de la
viande, du lait et du beurre, Depuis le commencement de ce siede, la va-
leur de la viande a augmente de 80 p. 0/0 en Angleterre; celle du beurre
et du lait, de 100 p. 0/0; les salaires, d’aulre part, ont hausse de
5o p. 0/0; le loyer des terres et des maisons, de 100 p. 0/0, tandis que
le prix moyen du ble est resle a peu pres stationnaire depuis 1770; s’il
a hauss£, c’est de quelques centiemes p. 0/0 seulement; il en est de
meme pour le seigle. Enfin la culture pastorale ou semi-pastorale est tcl-
lement simple, cause si peu de soucis et de meeomptes, qu’il est bien
naturel que les cultivateurs, dans ces temps difficiles, sous la menace de
greves qui tendent a passer des atdiers des xAlles dans les champs des
1 60,000 hcctaies pour le tiu et 28,000 hectares pour le boubtou.