AGRICULTURE. M1
La production des grains, qui a la fin du siede dernier etait deja de
34 millions d’hectolitres, est mont6e, de 1820 a i83o, a 46 millions, et a
atteint, dans lesdix dernieres annees, 7 4 millions d’hectolitres enmoyenne,
les annees medioeres ne tombant pas au-dessous de 60 millions, los bonnes
allant a pres de 100 millions. (Test surtout le froment qui a gagne
depuis 1820; sa production a triple: la moyenne pour les dix dernieres
annees a ete de 24 millions d hectolitres; en 1868, annee excepfionnclle-
ment favorable, eile a ete de pres de 3o millions. Mais les vicissitudes
sont grandes : en 18y 1, on n’allait qu’a moitie, et il n’y a pas lieu de
s’etonner de tels ecarts, consdquence naturelle du Systeme extensif qui
regne en Hongrie, avec ses labours superficiels et son absence de fumure.
Les principaux centres de production pour cette cereale comprennent
les terres riches et profondes de la valide du Danube, aux environs de
Raab et de Pesth, le Banat et les plaines fertiles de la Transylvanie et
des Confms militaires.
La population etant tres-peu dense (i5 millions d’babitants sur plus
du double d’hectares) et se nourrissant principalement de mai's et de
seigle, le ble reste disponible pour couvrir le deficit des recolles de l’Eu-
rope occidentale apres les mauvaises saisons. Partie de ce bld se rend a
Pesth pour alimenter les immenses moulins de cette ville, ou, remontant
le fleuve jusqu’ä Vienne par grands trains que remorquent des bateaux a
vapeur, gagne au moyen du cbemin de fer le lac de Constance et, de
proehe en proche, la Suisse et la France; l’antre partie, celle qui provient
surtout de la vallee inferieure du Danube, descend le fleuve jusqua Galatz
ou Braila, ou eile est embarquee pour Marseille. Le prix du transport
de Pesth a Vienne est de 1 fr. o5 Cent, les 100 kilogrammes; avec uno
chaine de touage, on a calcule qu’il pourrait tomber a 4o Centimes.
Quant a la voie maritime, a Braila et a Galatz le fret est de 4 francs la
Charge de ia5 kilogrammes. En comptant le chargement, le decharge-
ment, le Courtage, l’assurance, la Commission (6 p. 0/0 de la valeur),
puis le benefice du commerce, on arrive a une depense qui oscille entre
6 et 8 francs pour le grain rendu en France. II existe toujours un ecart de
cette somme entre le prix du ble a Marseille et celui des bouches du
Danube; de teile sorte que c’est le cours du marche francais qui fixe le
cours de Braila, de Galatz et, par consequent, de tous lesporls du Danube.
Aux debuts de l’ere de la liberle pour le commerce des grains, on
craignait que les bles hongrois achetes a vil prix ne vinssent faire irruption
sur le marche francais et faire tomber par contre-coup la valeur de cette
denr6e au point de ruiner nos cultivateurs. L’experience a prouve com-
bien ces craintes etaient vaines; eile a montre que les prix ont augmente,
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