EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
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Ne nous laissons donc pas aller a des illusions. L’exportation de nos
voisins ies Suisses augmente, et nous n’avions pas besoin de preuves
fournies par les etats de douane pour l’apprendre. Nos commercants s'ar-
cordent a dire que la concurrence de la Suisse pour les soieries est de plus
en plus vive a l’etranger.
Ayant une consommation interieure tres-restreinte, ne travaillant en
r4alit6 que pour la consommation exterieure, s’attachant surtout aux de-
boucb^s et aux march6s les plus larges, la manufacture suisse est atteinte
d’ordinaire assez fortement par les crises commerciales qui ont des retours
pour ainsi dire pdriodiques. Par suite, il se produil de notables fluclua-
tions, et quelques chiflfres en donneront une id6e.
Le nombre de metiers battants etait de 25,2po en 1855, de 18,G65
en 1867, de 27,531 en 1871 et de 26,560 en 1872. On consommait
452,350 kilogrammes de soie en i855, 283,6/10 kilogrammes en 1867,
/175,62c kilogrammes en 1871 et 491,200 kilogrammes en 1872.
L’importation en France fournit des indications semblables. C’est ainsi
que 1’impoiTation (au commerce general) des soieries unies, qui etait de
3i 1,000 kilogrammes en 1856, est tomb6e a 220,000 kilogrammes en
1857 pour monter a 334,ooo en 185g, s’abaisser a 281,000 en 1861,
se relever h 44o,ooo en 1863, retomber ä 323,000 en 1867, et reve-
nir en 1873 a 425,000 kilogrammes comme en 1864.
Notre commerce ressent moins les crises exterieures; la vente a l’inte-
rieur en adoucit les secousses, et les consommateurs de belles qualit&s,
souffrant le moins d’une crise, reduisent le moins leurs demandes. 11 est
rare que le mouvement ascensionnel de la production soit arret6 longtemps
cbez nous.
On excelle a Crefeld a faire les velours, a Zürich a tisser les soieries le
geres unies ou rayees; rnais, pour le reste, les etoffes lyonnaises servent de
modeles aux fabricants. Aucun essai, ancun sacrifice, aucun effort ne coute
4 ceux-ci pour se rapprocher des types que les acheteurs preferent. La
fabrication n’a plus de secrets, et l’on est arrive, a Zürich, a des imitations
adroites, heureusement encore inegales, de nos Stoffes meme les plus
epaisses, les plus reduites, du grain le mieux dessine, et de nos petites
armures d’un goüt si fin. Le commerce parisien, que les exigences de sa
clientele rcndent a son tour si difficile, a plus d’une fois jug6 ces tissus
avec assez de faveur pour les faire entrer dans ses assortiments. Nous ne
serions pas neanmoins 6loigne de penser que les progr&s n’ont pas ete les
plus grands en Suisse.
Les manufacturiers de Zürich ont cependant ameliore la fabrication qui
leur etait en quelque sorte speciale : ils efaient renommes pour les soie-