DENTELLES. 287
lement on en fabrique, a tres-bas prix et de toutes nuances, des quantit^s
incalculables et d’un ^coulement facile en France et a l’etranger.
Cette espece de dentelle se travaille aux fuseaux; eile est g^neralement
commune, avec une apparence de finesse qui, jointe ä un extreme bas prix,
la fait entrer dans la consommation generale.
Nous devons (igalement faire ressortir qu’en dehors de ces dentelles ve-
ritables il se fabrique a Lyon, au moyen du mutier ä tulle avec Systeme
Jacquard, des dentelles diverses en laine, notamment de grands morceaux
tels que robes, chäles, voilettes, etc., recherch^s pour l’exportation. La
dentelle laine a la m^canique est une production exclusivement francaise,
l’Angleterre a fait des essais infructueux, aujourd’hui abandonnes.
M. Dognin et G ie avaienl expose a Vienne ce qui se fait a la Jacquard
de plus somptueux et de plus artistique. Ces habiles fabricantsjes premiers
dans leur sp^cialit<5, comprennent que la dentelle qui s’adresse ä la con
sommation elegante doit etre trait^e comme ceuvre d’art, que les dessins
doivent non-seulement s’barmoniser avec gout aux toilettes ou aux Stoffes
nouvelles, mais encore se renouveler selon les caprices de la mode.
Depuis de nombreuses annees, la maison Dognin s’est placee au premier
rang; ses produits fins sont connus et recherches; aussi son exposition a
Vienne, comme les pr4c4dentes de Londres et de Paris, provoquaient IVtude
et l’admiration.
XII
RESUME.
On estime que le nombre des dentellieres, en France; s’eleve ä
900,000 femmes et jeunes fdles: leur salaire est, en moyenne de 1 franc
:i i fr. 5o cent. par journee de dix heures de travail; il y en a qui gagnent
jusqu’ä 3 francs. Ce prix varie n^cessairement suivant les lois generales,
et plus encore en raison de la loi speciale qui dornine cette industrie, c’esl-
a-dire de la mode avec ses exigences imperieuses et fugitives.
Ces nombreuses ouvrieres, rripandues dans quatorze departements,
travaillent toutes au foyer domestique; eiles combinent l’ceuvre des fuseaux
ou de l’aiguille avec les necessites des champs et les soins du manage. Aussi
l’industrie dentelliere olfre-t-elle le rare privilege d’ßtre exerc4 au sein de
la famille, sans enlever de bras a Fagriculture; eile ne provoque aucune
emigration et n’entasse pas les jeunes lilles dans de grandes usines, cequi
les pr^serve de tout contact pernicieux pour les moeurs.
A ces divers titres, cette industrie merite d’^tre signalee comme emi
nemment bienfaisante. Les prefets des departements de la Haufe-Loire et