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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE-
Comme on le voit, rien n’est plus simple; mais, quand 1’industrie japo-
naise aura fait des progres suffisants, quand i’instruction aura penetre
dans les masses de la population, les besoins des differentes Varietes de
papier forceront les liabitants a se creer des fabriques a la cuve, avec St
ellage ä la vapeur et broyage au cylindre, ou bien ä demander des papiers
ä l’Europe; si meine ils n’arrivent pas du premier coup a monter des
fabriques avec machine. C’est une tventualite qu’il est possible de prevoir
pour un avenir rapproche, si Ton considerc l’esprit d’imitationet d’ini-
tiative qui distingue ce peuple curieux, et si l’on songe aux progres rapides
que leur civilisation a faits d’une exposition universelle a l’autre.
C HIN E.
L’exposition des papiers de Chine etait loin d’avoir l’importance de celle
du Japon. D’abord le Gouvernement du Celeste-Empire n’avait pas daigne
s’en occuper, et, sans l’intervention de plusieurs maisons de commerce
ttablies en Chine, qui ont expedie des specimens des produits fabriques
dans leurs provinces respectives, nous n’aurions eu qu’a constater l’absence
du papier de Chine a l’Exposition de Vienne.
Cette exposition, tmanant de l’initiative de particuliers, ne pouvait pas
avoir une importance bien considerable. Elle offrait cependant un assez
grand choix de papiers d’impression et d’ecrilure, de papiers a lettres et
d’enveloppes pour la correspondance, de papiers d’affaires, de papiers de
tenture d’un tres-beau coloris. Nous y avons vu aussi des albums de dcs-
sins colories et lithographies sur un papier imitant l’ivoire, que Ton obtient
en decoupant la moelle du bambou.
Mais c’est en vain que nous avons chercht ces beaux papiers de Chine
qui servaient autrefois au tirage des gravures, et qui faisaient si bien va-
loir toutes les finesses du burin des artistes. Cela provient sans doute de
ce que ces papiers ont ete, sinon complttement, du moins en majeure
partie, remplaces par les papiers imitation de Chine que fabriquent les
maisons Blanchet freres et Kleber, et Breton, de l’Isere.
L’un des honorables negociants ttablis en Chine, dont je viens de par
ier, a eu l’ingtnieuse idee d’exposer, dans une tres-petite dimension et
sous forme de jouet genre Nuremberg, l’installation et l’outillage d’une
papeterie dans ce lointain empire. Nous avons donc pu constater qu’en
Chine, comme au Japon, lout est d’un primitif absolu, et que les moyens
de fabrication, ainsi que les matieres premieres, ont la plus grande ana-
logie, ce que les conditions de climat, de race et de mceurs expliquent
facilement.