124
EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
et utiles qu’il a imaginees pour atteindre ce but. Mais nous presenterions
de cetle maison un tableau incomplet, si nous n’ajoutions pas que, grands
producteurs et ndgociants babiles, MM. Marne comptent aussi au nombre
de ceux qui ont aborde le plus franchement et rdsolu de ia mahiere la plus
large les problemes de l’ordre social qui s’imposent aujourd’hui a l’atten-
tion de tous les grands industriels.
Tous ceux qui aiment les livres venerent le nom des Didot; tous ceux
qui ont etudie l’histoire de l’imprimerie francaise savent qu’il n’est pas
une conquete de la typographie moderne a laquelle les Didot soient restes
etrangers; tous savent gre ä cette famille de typographes erudits, dont le
elief venere fait aujourd’hui partie de l’Institut de France, d’etre toujours
restde fidele ä la profession de ses ancetres et de la maintenir au niveau
eleve exige par le nom quelle porte.
MM. Didot, ä cote de gracieux volumes tels que YHorace, YApuUe, a
cote d’iinportanles publications periodiques telles que la Mode et la Chasse
illuslree, ont edite, pendant ces dernieres annees, quelques ouvrages de
luxe d’un genre tout moderne et qui ont ete justement remarques. L’ör-
nementpolychrome, de Racinet, termine il y a peu de lemps, et orne de belles
planches en chromo-lithographie, est venu s’ajouter avec eclat aux Musies
d’Italie, de Kellerhoven, et a la riche sdrie des ouvrages de Paul Lacroix,
edites dans le meme esprit.
La classification que nous avons adoplee nous amene a parier, a cote
des representants de la typographie la plus pure et la plus classique, de
1’imprimeur qui a peut-etre le plus contrihue au retour ä l’archaisme
dont la France est en ce moment le theätre. Nous voulons parier de
M. Jouuust.
Quel que soit le jugement que Ton porte sur l’ecole dont M. Jouaust
s’est fait Tun des chefs convaincus, on ne saurait nier que ce mouvement
ait eu, sur les tendances de la lihrairie, pendant ces dernieres annees, une
influence considerahle. Depuis pres d’un siede, le caractere typographique
Didot regnait en maitre. Des qu’il avait paru, son dessin ä la fois gracieux
et severe, sa gravure cl’une regularite et d’une pr^cision remarquables, son
approche admirahlement calculee, lui avaient assure un succes sans con-
teste. Le desir de chaque fondeur d’augmenter la richesse de scs specimens,
le goüt pour les editions compactes, d’une part, le besoin d’exagerer la
largeur de la lettre, de l’autre, avaient produit quelques variantes plus
ou moins heureuses du type original. Mais tous ces caracteres, avec des
lignes plus ou moins r^ussies, etaient issus du type Didot; ils en pre-
sentaient les signes essentiels : la forme ronde, et 1’asscmblage de gras
assez epais avec des delies fins. 11 scmblait donc que le caractere antique,