ARTS GRAPHIQUES. 125
resultat d’un dessin et d’une gravure encore dans l’enfance, sans un trait
vraiment droit, sans une circonference reguliere, fut passe d’une fagon
definitive a l’etat de type historique, et dut disparaitre ä jamais, respecte
plus encore parce qu’il avait servi a l’impression de tant de chefs-d’oeuvre
que pour les qualites incontestables qu’il possede. 11 paraissait d’ailleurs
facilc, ainsi que les Anglais nous en ont donne la preuve, d’introduire
ces qualitAs dans le caraclere moderne, sans cn älterer aucunement les
tendances.
Les ehoses en etaient la quand eclata, il y a vingt ans ä peine, la
reaction qui, timide d’abord, prend aujourd’hui les proportions d’un
triomphe. Deux typographes &ninents, M. Perrin, a Lyon, et M. Claye, a
Paris, semblent avoir eu en meme temps l’idee de cettc revolution.
Des 18/16, M. Perrin avait fait graver, pour l’ouvrage de M. Boissieu
(Inscriptions antiques de Lyon), ses capitales augustales. Deux ans apres,
il trouvait dans les anciennes matrices d’un fondeur lyonnais, M. Rey,
le moyen de completer ses series par des lettres de bas de casse qui
lui paraissaient s’harmoniser mieux avec ses capitales que le caract&re
moderne. Les types de M. Claye ont une meine origine; c’est egalemcnt
k Lyon que cet imprimeur a trouve le premier noyau des matrices qui
alimentent maintenant sa maison pour les impressions de ce genre 1 .
A la meine epoque, vers 1853, un dditeur qui fut un bibliophile dis—
tingu^ et qui a droit aux hommages de tous les erudits, M. Jannet,
commengait a publier sa collection connue sous le nom de Bibliotkeqne
elzevirienne, et en confiait l’impression a la maison Guiraudet et Jouaust,
dont M. Jouaust est aujourd’hui le chef. Sans accepter d’une maniere
absolue les types du xvi e siede, ces imprimeurs, d’accord avec Jannet,
firent graver et fondre chez Laurent et Deberny des caracteres copies sur
les anciens, mais modifies d’apr&s leurs idees personnelies.
Les Satyres de Matburin Regnier furent, croyons-nous, le premier vo-
lume imprim4 avec ces caracteres.
La typographie arcbaique ^tait des lors fondre. Longtemps asscz 1110-
deste dans ses allures, eile a pris depuis 186y, entre les mains deM. Jouaust
et de M. Lemerre, un rapide essor.
Jannet, lidele au programme qui figure en tete de son premier cata-
logue, avait voulu donner a chacun «du texte pour son argenta. Les
voluines, imprimes avec une justification compacte, avec peu de marge,
1 Depuis i’Exposition de Vienne, M. Ciaye a
publie le specimen de ses lypes de caracteres et
d’ornements anciens.
Ce volume remarquable ne rendra pas seu-
lement aux typographes de signales Services,
il aura sa place dans les bibliotheques d’ama-
teurs comme une oeuvre parfaite au point de
vue de rimpression.