AKTS GRAPHIQUES. 127
Lc proces ne nous parait clonc pas pouvoir etre jugd d’une maniere
radicale. Les caracteres elzeviriens donneront toujours un parfum d’ar-
chaisme de bon gout ä la reimpression des ouvrages dont ils ont 4te les
contemporains; mais leur emploi est moins opportun quand il s’agit de
livres plus modernes. Qu’il nous soit donc permis de faire quelques rdserves.
Nous louons sans restriction les efforts de ceux qui se consacrent a ce genre
de publications; nous admirons Ie soin et la correction de leurs editions,
ainsi que la fafon remarquable dont eiles sont executees; mais nous
ajouterons, au point de vue typograpbique, que le mtlme but eut ete
probablement atteint sans l’emploi exclusif des types auxquels ces impri-
meurs semblent s’attacher.
Apres cette petite querelle, nous n’avons plus que des eloges pour
M. Jouaust. Edileur depuis 1867, epoque a laquelle il debuta par
une edition in-8° des OEuvres de Regnier, il n’a cu que des succes, et il
peut revendiquer une large part dans le reveil d’un gout dont les lettres
et l’erudition ne peuvent que profiter. Heureux dans le cboix des livres
qu’il edite, plein de gout dans leur arrangement, typographe conscien-
cieux dans leur execution, il nous präsente toute une collection verita-
blement digne de la rdputation quelle a acquise a son habile ^diteur. Le
Daphnis ct Chloi, avec encadrements rouges et eaux-fortes imprim^es
dans le texte, est un bijou dans ce genre; le Decamiron, YIleptameron,
YHorace du comte Simeon, le La ISruyere, le La Rochefoucauld, le Rabelais,
ont, parmi tant d’autres helles publications, attire l’attention du Jury. En
decernant a M. Jouaust la medaille de bon gout, ses juges ont voulu
exprimer le sentiment agr^able inspire par tout ce qui sort de sa maison.
M. Gauthier-Villars, successeur de Mallet-Bachelier, tient toujours le
premier rang pour les ouvrages de mathematiques qu’il ddite et imprime
avec tant de soin. Chacun sait eombien de signes varies exige la compo-
sition des formules geometriques; on sait aussi que, pour qu’une formule
soit claire etsatisfasse le mathematicien, neu dans les espacements et dans
la disposition ne doit etre livre au hasard ou a la fantaisie. La sup^riorite
incontestable de M. Gauthier-Villars est due a ce que, dans ses editions,
il n’a pas hesite, au lieu de recourir a des parangonnages coüteux et nui-
sibles a la solidite de la composition, a creer un materiel etabli sur points
avec une extreme pr^cision, et au moyen duquel tous les signes viennent
se poser d’eux-memes, dans la page imprimde, a la bauteur et a l’ecarte-
ment voulus.
Entre autres publications de sa maison, M. Gauthier-Villars a expose
la belle Edition des OEuvres de Lagrange qu’il imprime en ce moment;
il a eu fingenieuse idee de l’accompagner de la copie originale qu’il