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AKTS GRAPHIQUES.
vn'ers imprimeurs de Paris ont ete, depuis quelques annees, deux lois sen-
siblement modifies. Certes, les conditions de la vie justifiaient amplement
une amelioration du salaire de l’ouvrier typographe; mais etait-il necessaire
que ces deux augmentations se succedassent aussi rapidement? Fallait-il
qu’elles fussent le resultat de greves violentes, qui sont une menace per-
p&uelle pour le dient, qui paye en definitive les frais de la guerre?
Etait-il enfin indispensable d’introduire, dans le tarif qui regle les rap-
ports des ouvriers et des imprimeurs, toute une serie d’exigences qui sont,
pour l’editeur, non-seulement une cbarge, mais une entrave perpetuelle?
Dans tous les cas, le resultat a ete mauvais pour l’imprimerie. Les
maitres imprimeurs avaient enchame leur libert^, mais il n’en etait pas de
meine des libraires; et peu a peu les travaux ont pris le chemin de la pro-
vince et de l’dranger. Gräce auxjournaux forcement imprimes a Paris, les
ouvriers n’ont pas senti immediatement les cons^quences d’une revolution
qui ne pouvait d’ailleurs s’operer en un jour; mais ils doivent commencer
a comprendre qu’ils ont peut-etre agi dans un sens contraire a leurs
inlcrets.
Si la ddcentralisation est une chose heureuse, si nous ne pouvons qu’ap-
plaudir aux efforts de nos imprimeurs des departements pour mettre leurs
maisons a la hauteur des travaux les plus dilficiles, il serait facheux que
Paris perdit, au möins en partie, une industrie dans laquelle il a excelle
si longtemps. Esperons qu il n en sera pas ainsi. Dans tous les cas, et sans
parier de MM. Racon, Martinet, Paul Dupont, Pion, Chaix, Lahure, etc.,
dont les travaux, que nous trouvons a chaque pas soit dans les vitrines
des libraires-editeurs, soit dans l’exposition collective du Cercle, sont a la
hauteur de leur rdputation et des traditions de leurs maisons, la typogra-
phie parisienne est representee de la maniere la plus remarquable par
M. Claye, qui n’a ]>as suivi l’exemple de ses collegues, et qui na pas cru
devoir se reposer sur des lauriers si bien acquis et si incontestes.
Depuis 1867, la reputation de M. Claye n’a fait que s’accroitre. C’est
a lui que MM. Hachette ont confie lc soin d’irnprimer les Evangiles;
les Promenades de Paris, les plus beaux volumes de M. Lemerre,
sortent aussi de ses presses, et son nom se trouve uni a la plupart des
grandes entreprises de librairie de luxe pendant ces dernieres annties.
M. Claye pouvait donc se contenter, pour avoir une des expositions les
plus remarquables du groupe XII, de prendre presque au hasard quelques
ouvrages sur les rayons de ses clients. Il a voulu joindre ä ce cboix remar
quable de beaux livres bien composds et bien tir6s, deux reuvres en quelque
sorte plus personnelles et dont on doit lui savoir le plus grand gr6.
La premiere est un modeste voluine in-18 de 3oo pages a peine, et
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m.