EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
132
MM. Hachette, qui n’abordent jamais un genre nouveau de librairie
sans l’amener au plus baut degre de developpement qu’il comporte, onl
edite bon nombre des grands ouvrages illustrds publies pendant ces der-
nieres annees. Tels sont: Rome, de M. Francis Wey, le Japon, de M. Aime
Humbert, VAmervjuc du Sud, de M. Marcoy, et enfin les sept grands in-
folio dus au crayon de Gustave Dor^, et comprenant ensemble 43o com-
positions de grand format grav^es sur bois.
MM. Hachette ne se sont pas contentes de ces productions importantes;
ils ont voulu qu’il sortit de leur maison une publication plus capitale et
qui acquittät en quelque sorte leur dette envers l’art auquel leur maison
etait redevable de son eclat. C’est ainsi qu’ils ont entrepris les Evmigiles,
a la publication desquels ces editeurs infatigables ont travaill^ pendant
douze annees, en faisant appel ä toutes les ressources de la typographie
et de la taille-douce.
Les Evangiks, qui viennent d’etre termines, et dont le premier exem-
plaire a figure ä l’Exposition de Vienne, peuvent etre consideres, parmi
Jes grands ouvrages de luxe, comme un type qui ne sera probablement pas
depasse. Les ^diteurs declarent qu’ils ont consacre a Mever ce monument
une somme de 1,200,000 francs; etpour les bommes du metier ce chiffre
n’a rien qui puisse etonner. L’oeuvre comprend deux parties intimement
liees quant a l’effet et quant au resultat que voulaient atteindre ceux qui
Font entreprise, mais fort differentes au point de vue technique. Les
128 planches hors texte, qui reproduisent par l’eau-forte les dessins de
M. Bida, sont des ceuvres d’art qu’il appartient aux artistes bien plus qu’a
nous de louer comme eiles le meritent. Le texte qui les accompagne re-
leve davantage de notre competence.
Tout, dans ce texte, est matiere a etude, depuis l’emploi d’un caractere
grave par M. Viel-Cazal sur les dessins de M. Rossigneux, et destine,
dans la pensee de ses auteurs, ä reunir les qualites du type Didot et
celles des anciens modeles du xvi e siede, jusqu’au tirage des ornemcnts
graves en laille-douce sur les dessins de M. Rossigneux, et imprimes apres
coup, avec une remarquable precision de reperage, dans le texte typogra-
phique.
Comme dans les anciens caracteres, lespoingons de M. Viel-Cazal donnent
au plein et au delid de la lettre une valeur a peu pres 4gale; c’est une
qualite pour un ouvrage que son format destine ä etre lu a quelque dis-
tance. Comme dans le type Didot, le plus grand soin a etd apporte a la
forme de la lettre, a l’alignement, a la regularite des approches. Ceux qui
sonl disposes a considerer les beaux specimcns de Pierre Didot comme
devant rester les caracteres classiques fratifais pourront peul-etre faire