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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
II est cepenclant cncore necessaire, surtout pour la duree du volume, que
l’on ait rempli deux conditions essentielles, qui consistent dans le elioix
du papier et dans celui de l’encre.
L’^tude du papier n’est pas denotre ressort; eile appartient au rapporteur
du groupe XI. Qu’il nous soit toutefois permis de dire aux editeurs que,
malgrd les charges dont ce produit a ete recemment frappe, ils doivent
reagir, au nioins pour les ouvrages soignes, contre la tendance qui pousse
a chercher dans la qualite de la päte une compensation a ces depenses
nouvelles. Non-seulement le papier d’une belle qualite pennet un meilleur
lirage, mais il premunit contre les accidenls si frequents aujourd’hui qui
[iroviennent de l’emploi d’une päte mal lavee, donnant un papier qui se
pique ou forme, avec l’encre dont il est couvert ä l’impression, des reac-
tions chimiques tout ä fait imprevues et surtout mal venues.
Pour les journaux, pour les ouvrages classiques, oü le prix de revient
se compte par fractions de Centime, il ne faut plus parier de chiffons purs;
le papier des succedanes vaut mieux peut-etre que les pätes blancbies ä
grand renfort de chlore, mal laväes et chargees de matieres etrangeres.
Mais, tant qu’il sera possible, imprimons les livres ä petit tirage, pour
lesqueis les frais de redaction et d’illustration exigent un prix de vente eleve,
sur une matiere qui di^fie l’action du temps comme le faisaient les livres
de nos peres, et qui ne donne pas le fächeux spectacle d’une leinte mul-
ticolore apres un sejour de quelques mois dans le magasin du libraire ou
dans la bibliotheque de l’acheteur.
Si le choix du papier est chose grave, que dire de la qualite de l’encre?
lei cncore, l’economie devient, dans ccrtains cas, une chose fatale et qui
produit des resultats deplorables.
La fabrication des encres d’imprimerie est une Operation fort compli-
quee; eile exige un outillage couteux et fait l’objet d’une industrie consi-
d^rable. Il faut d’abord produire par grandes quantites des noirs de funnie
de differentes qualites, suivant l’emploi special auquel on les destine, mais
toujours tres-tenus, d’une belle nuance, et s ? unissant parfaitement aux ver-
nis danslesquelsils doivent etre delayes. Ces noirs sont ensuite calcinespour
etre debarrassäs des corps gras qui pourraient donner ä l’encre une Cou
leur jaune et lui faire traverser le papier; puis, par une longue seric
d’operations, on les dissout, soit dans des huiles de lin, soit dans des
huiles de resine, s’il s’agit d’obtenir des encres de qualite inferieure.
Toutes ces operations demandent un grand travail et exigent une force
considerable qui use rapidement les machines. Aussi les encres fines sont-
elles d’un prix eleve, et la tentation est grande pour l’imprimeur de faire
des economies sur la qualite. Les Anglais ne paraissent pas tomber dans