EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
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avec les beaux-arts, avec les Sciences d’observation et avec ies grandes in-
duslries graphiques, auxquelies eile est assimilee avec raison.
Nous devons, en effet, considerer la photographie cotnrnc un mode
nouveau de parier aux yeux, de montrer l’objel absent; inais, tandis que
les autres arts graphiques sont les resultats de l’esprit dirigeant la main,
ce qui pennet d’admettre toutes les conceptions artistiques, mais aussi
toutes les erreurs intellectuellcs et manuelles, la photographie, convena-
blement appliquee, est comme lereflet exact de la chose existante: ellefera
oeuvre d’art si on lui presente un ensemble artistique; eile sera avant tout
copiste fidele, et on ne peut redouter avec eile ni Fentrainement de l’es
prit, ni rinsuffisance de la main ; ce quelle represenle a la valeur d’une
piece authentique et bien dirigee, eile donnera des details inlinis avec
l’ensemble le plus complet; c’est un crayon automatique d’une linesse,
d’une precision, d’une docilite pour ainsi dire absolue. Nous devons donc
chercher ä developper les exquises qualites de ce procede, la Science, le
goüt, Fhabilete de ceux qui le mettent en oeuvre, et les moyens de le rat-
tacher aux industries deja existantes.
Mais ici nous sommes obliges d’avouer que nous ne trouvons pas le
concours actif qui nous serait necessaire. Les encouragements n’ont pas
manque aux debuts de la photographie : le Gouvernement frangais paya
gen^reusement l’invention premiere pour la mettre dans le domaine pu
blic, et aussitöt les recherches et le travail firent une industrie d’une
experienee scientifique. Quinze ans plus tard, Fesprit sagace du duc
Albert de Luynes s’inquieta du peu de solidite des epreuvcs. Sa gene-
rosite fonda un prix de 10,000 francs, dont le r^sulfat fut l’eclosion des
procedes d’heliogravure, de lithopbotographie, et des applications si noin-
breuses des proprietes de la g4latine bichromatee, dues a M. Poitevin.
Mais, depuis 1855, a part les efforts de la SocielA frangaise de photogra
phie, qui ne se soutient que par ses seules ressources, efforts reconnus
par le diplöme d’honneur que le Jury lui a accorde, la photographie
ne regoit plus aucun encouragement officiel ou particulier; tandis qu’en
Angleterre, en Autriche, en Russie, en ßelgique, les Services de la pho
tographie sont serieusemenl apprecies par Fadministration publique, et
que des ateliers convenablement install^s fonctionnenl et viennent en
aide aux divers travaux graphiques du Gouvernement, en France, nous ne
voyons que des essais diss6mines dans diverses administrations. Parmi ces
essais, le plus important semble etre le Service photographique du nnnis-
tere de la guerre, dont l’installation doit heureusement subir d’ici peu une
complete transformation.
La photographie frangaise se trouve donc avoir a lütter a la fois contre