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INSTRUMENTS DE MUSIQUE.
S’il esl toujours ridicule de voir un piano mediocre enveloppe dans un
meuble dont La richesse jure avec La pauvrete de l’instrument, en revan-
clie on ne peut reprocher a un grand facteur d’user des ressources de l’art
decoratif pour mettre un excellent instrument cn harmonie avec l’elegance
d’un riebe ameublement. Aussi ne pouvons-nous donner que des eloges a
l’ornementation des pianos de luxe que la maison Erard a exposds. L’un
d’eux, un piano droit, a deja figure a l’Exposition de 1867; il reunit a la
purete des formes le fini du detail; c’est une oeuvre d’art d’une grande
richesse et d’un goüt exquis. Nous avons egalement adinire l’ornementa-
lion sobre et sGvere de deux pianos a queue en bois noir, sculptes et gravGs,
dont Fun etait dans les salons du commissaire general, M. du Sommerard,
et y a GtG touche avec succes par M. Quidant.
La maison Pleyel-Wolff a expose les principaux modeles de son impor
tante et consciencieuse fabrication. Plus preoccupe de faire ses preuves au
point de vue factural qu’au point de vue decoratif, M. Wolff n’a expose
que des types de sa fabrication courante; leseul luxe qu’il se soit permis,
luxe sdvere et de bon gout, a ete de faire polir les barrages en fer de ses
grands Instruments, au Heu de les mettre en couleur comme on le fait
d’habitude.
Les instruments de cette maison se sont fait remarquer par leurs qua-
lites habituelles : sonorite distinguee et chantante, clavier lacile et obeissant,
qui permet a l’artiste de faire le son, etouffement parfait, absence de
fausses resonnances dans les basses.
On a surtout admire lc piano a queue petit format, a cordes croisees,
qui reunit sous un petit volurne toutes les qualites d’un grand instrument.
Sans aucun doute, ce charmant piano serait insuffisant dans une grande salle
de concert; mais, dans un salon, que de ressources ne presente-t-il pasl
L’est par un emploi judicieux des cordes croisees que M. Wolf! a pu
donner a ce petit modele des basses dont la sonorite a une ampleurvrai-
ment remarquable. II est bien a desirer que ce petit modele, dont le prix
est tres-inödere, contribue a ramener en France l’usage du piano a queue,
si superieur au piano droit pour l’accompagnement du chant et 1 cxecution
de la musique d’ensemble.
M. \\ olfl'est egalement l’auteur d’un clavier transpositeur analogue, par
lapparence, au clavier de Fexposition hongroise, mais different par le me-
canisme; autantle clavier hongrois est dur et lourd sous le doigt, autantcelui
de M. Wolff est leger et facile a toueber. Ce clavier auxiliaire sepose sur le
clavier du piano, et, en le faisant glisser dans un sens ou dans 1 autre, on
le place dans La position convenable pour effecluer la Iransposition. qui se
Lut entre les limitcs extremes d’une octavc; un ressort d arret qui sengage