;502 EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
dans une plaque dentee permet d’assurer avec precision la position du cla-
viei’ mobile par rapport au clavier fixe, et de constater en memo temps l’in-
tervalle de transposition. Cet appareil est si bien construit, qu’il permet
d’exöeuter la musique la plus rapide avec autant de nettele que sur le ela-
viermöme du piano. Cette invention, aussi simple qu’ingenieuse, est appelee
a uii veritable succes. Que de Services ne peut-elle pas rendre aux clian-
teurs, qui ont souvent besoin de transposer des morceaux pour les ramener
au diapason de leur voix !
Les pianos de M. Henri Herz sont ce que nous les avons connus en
1867, faciles ä jouer et d’une belle sonoritö; mais nous n’avons vu dans
son exposition rien qui indiquät une tentative dans le sens du progres.
M. Herz s’ en tient sans doute aux plans arretös des 18 5 5 avec la Coopera
tion son contre-maitre, M. Knutz, qui depuis est allö porter aiileurs le con-
cours de son experience et de son talent.
En rösume, dans la facture des pianos, l’Allemagne est restde station-
naire; ses instruments sont solides et bien construits, mais ils manquent de
charme; du reste, les pianos de l’Allemagne du Nord sont beaucoup au-
dessus de ceux qui sont fabriquös dans l’Allemagne du Sud.
L’Autricbe a I'ait des progres considerables; neanmoins les facteurs de
ce pays ne sont arrivös qu’ä la puissance, sans obtenir la distinclion, la
suavitö du son et la facilite du clavier.
L’Amerique, l’Angleterre ont fourni des produifs satisfaisants, mais
d’un merite ordinaire. Le Dänemark se fait remarquer par des instruments
d’une sonorite douce et chantante. Dans les autres pays nous ne trouvons
rien d’exceptionnel ä signaler.
Nous pouvons donc affirmer que nos trois principales maisons francaises
tiennent encore la töte de la facture des pianos. II n’y a rien a l’exposition
qui soit comparable a ces produits hors ligne. Nous n’avons pas la pre-
somption de les classer par ordre de rnörite. Nous croyons que, toutes les
fois que des ceuvres artistiques atteignent un certain niveau, ce qu’on a de
mieux a faire, c’est de s’abstenir de les classer; ce serait une erreur et
une profanation de ranger par ordre de merite les chefs-d’oeuvre de la
peinture ou de la musique, comme un professeur classe les devoirs de ses
eleves. Ayons le meme respect pour les cbefs-d’oeuvre de la facture. Lais-
sons chaque artiste s’abandonner aux entrainements de son gönie, aux
pröferences de son talent; laissons Tbalberg se faire applaudir sur les
pianos d’Erard, Chopin obtenir tous ses succes sur les pianos de Pleyel;
laissons Rubinstein jouer tour a tour avec la meme aisance Erard, l’leyel-
Wolff ou Herz, et soyons convaincus que les instruments qui fournissent
a d’aussi grands pianistes toutes les ressources que peut desirer leur talent