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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
quc nombreux, lo papier ne doit pas etre tres-Iarge, les fentes qu’il pre
sente n’ont pas non plus une grande longueur, et il est possible de reduire
a un petit volume le rouleau de papier qui doit servir a l’execution d’un
long morceau. De plus, la transmission peut s’effectuer ä une distance
quelconque. Get instrunient, plus ingenieux qu’utile, nous a paru bien
fonctionner.
Le pianista expos^ par M. Thibouville remplit les memes fonctions que
le piano mecanique, mais par un procedd nouveau. L’appareil se compose
d’un meuble de petiles dimensions d’ou sortent une serie de leviers ou
marteaux en bois destin^s ä attaquer les touches comme le font les doigts
du pianiste. Le pianista se pose devant un clavier de piano quelconque,
pourvu que la bauteur en soit convenable; et, des que l’on tourne la ma-
nivelle motrice du möcanisme, les doigts nombreux de cette espece d’au-
tomate frappent le piano et font entendre tel ou tel morceau.
A cet effet, le mouvement de chaque doigt est sous la dependance d’un
soufflet moteur fonctionnant comme le soufflet moteur de la machine Bar-
ket, employee dans les grandes orgues. L’alimentation de ces soufflets
moteurs se fait ä l’aide de deux reservoirs principaux dont la manivelle
inet en jeu les pompes. Quant ä la mise en jeu de chaque soufflet, eile
s’effectue par l’ouverture de soupapes qui sont sous la dependance d’une
sorte d’abr^ge dont les tiges motrices aboutissent toutes ä une rangee de
cames placees en ligne droite, au centre et a la partie superieure de l’ins-
trument.
Une s^rie de cartons perc^s suivant le Systeme Jacquart est entralnee
sous ces cames, qui sont soulevees ou abaiss^es a tour de role, et font ainsi
fonctionner les touches correspondantes.
Au moyen d’une tige placke a portee de la main gauche, on modifie la
force d’attaque du pianista, en möme temps que la main droite, appliquee
ä la manivelle, regle la vitesse suivant laquelle l’ex^cution du morceau a
lieu. Pendant l’execution, le pied place sur une pMale auxiliaire, qui se
rattache a la pedale de forffl du piano, peut lever, si besoin est, les
^touffoirs. 11 est donc possible ä une personne douee d’un certain sens
musical de r^aliser volontairement des changements de vitesse et de force,
en un mot de nuancer l’execution.
Cet instrunient avait le privilege d’attirer dans la galerie franpaise un
grand nombre de curieux. A quoi bon, disaient nai'vement bien desgens,
se donner tant de peine pour apprendre le piano! Avec un bras robuste
et quelques centaines de metres de carton d^coup^, on peut se donner la
jouissance d’entendre toute espece de musique, depuis la valse et la polka
jusqu’aux neuvres s^rieuses des maitres.