TRAVAUX DU GENIE CIVIL.
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En ce qui concerne la forme des poutres, ies auteurs des projels nous
paraissent avoir fait une distinction tres-judicieuse entre les poutres rec-
tangulaires adoptees pour ies travees de 57 et de 80 metres de portee
et les poutres paraboliques appliquees aux portees plus grandes. En effet,
dans les ponts ä portees ordinaires, les poutres rectangulaires peuvent etre
disposees avec des contreventements peu couteux et avec un poids total de
fer moindre que des poutres paraboliques, tandis que, pour des portees
Ires-grandes, les poutres de hauteur variable ont l’avantage de rnieux con-
cilier les diverses conditions de stabilite. Dans la partie centrale, ou les
moments llechissants sont le plus forts, et oü les montants et les tiranls
obliques sont le moins comprimes et tendus, on est conduit a donner une
grande hauteur aux poutres. En reduisant, au contraire. cetle hauteur
progressiveinent en allant vers les extremites, en meme temps que les
moments llechissants vont en decroissant, on diminue le poids des
montants et des tirants le plus fatigues, et on rencl le contreventement
plus economique. Enfin il est plus facile de relier d’une maniere rigide
les bouts du longeron superieur avec ceux du longeron inferieur, ce
qui est une condition essentielle de la roideur d’une poutre. Pour les
grandes portees, et pour des poutres discontinues au-dessus des piles, la
forme parabolique nous parait donc tres-bien justifide, et eile donne lieu
en definitive a la moindre depense de metal.
La discontinuite des poutres au-dessus des piles est ici parfaitement
motivee, non-seulemenl parce que les fondations sont susceptibles de tas
sement, mais aussi a cause des grandes dimensions des travees.
Quant au Systeme du treillis, qui est composd, sauf dans la partie cen
trale, de montants et de pieces inclin^es dans le meine sens, il est ra-
tionnel pour des poutres discontinues au-dessus des points d’appui, en ce
qu’il permet de calculer avec plus d’approximation les efforts des pieces
du treillis. Il se prete d’ailleurs tres-commodihnent ä une bonne disposi-
tion de ces pieces dans les poutres paraboliques, qui sont les plus econo-
miques pour les grandes portees. Ce Systeme a fait ses preuves par les
nombreuses applicalions qu’il a rejues en Allemagne, en Autriche et en
Hollande. Mais, tout bien consider^, est-il preferable au treillis ordinaire,
c|ui est loin d’etre abandonne dans les divers pays de l’Europe, et qui est
generalement d’usage en France? Le doute est encore permis. Une condi
tion de duree d’une poutre metallique est sa roideur; a ce point de vue, le
treillis ordinaire nous parait s’öpposer plus energiquement aux deforma-
tions et aux mouvements vibratoires sous l’action de poids roulants, et cette
conskteration est de nature a justifier au besoin une certaine augmentation
de poids dans le fer a employer. Quoi qu’il en soit, la question de la com-