TRAVAUX DU GENIE CIVIL.
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son noin, et qui a ete applique notamment au pont de Mayence sur le
Rinn Au lieu de faire joindre les deu\ arcs a courbures opposees au-
dessus des piies, M. de Ruppert les dispose de maniere a les faire croiser,
dans l’inlervalle des piies, au point d’inflexion de la fibre neutre, sous
i’action des charges permanentes. Dans chaque travee de rive, les deux arcs
se joignent, bien entendu, sur la culee correspondante.
M. de Ruppert avait deja presente son Systeme a l’Exposition de Paris,
en 1867, par une application qu’il proposait d’en faire pour la traversec
du Eosphore 2 . II s’agissait de trois traveesde 162”,75, 205 m ,70 et 1 Ga 1 ",75
d’ouverture, dont les piies metalliques se seraient elevees a 38 metres au-
dessus de la mer et auraient &e fondees a des profondeurs de 32 et de
4o metres. II avait en meine temps expose le projet d’une travee de 268
metres d’ouverture au-dessus d’un ravin profond des Ralcans. A l’appui de
ces deux projets, non suivis d’execution, il a publie un memoire en 1867.
(Editeur C. J. Rartelmus ä Vienne,)
D’apres ce memoire, dont les calculs comporteraient quelques observa-
tions sous le rapport de la rigueur theorique, l’auteur ne se proposait pas
seulement de donner a son Systeme les avantages des poutres continues
quant a l’^conomie du metal; mais il voulait encore augmenter cette
economie en faisant contribuer ä la rigidite du Systeme la resistance a
la ilexion des piies metalliques auxquelles les arcs etaient invariablement
fixes. Les constructeurs auraient probablement trouve t^meraire de sou-
mettre les piies a de pareils efforts, et M. de Ruppert semble y avoir re-
nonce lui-meme; car, dans le nouveau projet qu’il a expose en 1873, les
poutres reposent sur les piies aussi bien que sur les culees, par l’inter-
mediaire de rouleaux de friclion, en Sorte qu’elles n’exercent aucun effort
horizontal sur leurs points d’appui.
Aux points de croisement des arcs, les poutres sont renforcees par des
goussets, a cause des surcbarges qui amenent le deplacement des points
d’inflexion de la fibre neutre. Mais il laisse le croisement apparent. «La
poutre proposee presente, dit-il, un ensemble de lignes agrc^ables,
des contours legers et elegants pour les pieces principales. La beaute de
cel aspect ne se trouverait pas peu compromise, si l’on voulait supprimer
et derober a l’oeil les prolongemcnts des deux nervures superieures et
mferieures au point d’intersection. C’est une raison d’eslhetiquc des plus
importantes, qui milite enfavcur du maintien du croisement reel et visible
de Y arc et du tendeur.»
Nous n’avons pas ä juger le Systeme sous le rapport du gout. Nous
1 Cours de mecanique de M. Ed. Collignon, 5 Rapports sur les travaux publics et les
page 3äS. constrnctions viriles, pagp 1 A5.