TRAVAUX DU GENIE CIVIL.
133
des varialions considerables, et que, d’ime autre part, les dispositions des
lils majeures et des champs d’inondation ont du recevoir des modifications
notables. Ainsi, par exemple, on peut se demander si les elevations de
quelques pouces, en moyenne, des hautes eaux du Rhin et de l’Oder, ne
sont pas dues a de simples changements des eonditions d’ecoulement. En-
fin, ne sachant pas bien comment M. Wex a defini ce qu’il appelle eaux
basses, moyennes ou hautes, nous ne pouvons apprecier la signification
des variations de hauteur qu’il a signatees.
Quoi qu’il en soit, l’accroissement des grandes crues nous parait s’ex-
pliquer par une cause qu’il n’a pas fait ressortir d’une maniere explicite.
D’apres les etudes sur les inondations en France, on sait que, dans les
siecles passes, les inondations n’etaient ni rnoins frequentes ni moins de-
sastreuses que dans le siede present, mais qu’elles atteignent aujourd’hui
des niveaux plus eleves. Or, les circonstances met^orologiques etant censees
les niemes, l’une des principales causes qui ont du amener cette surde-
vation, c’est que les retrdissements du champ d’inondation dans les
moindres vallees, comme dans les plus grandes, par des redressements de
rives et des endiguements plus ou moins complets, diminuent, pendant
les crues, les emmagasinements naturels dans les regions superieures,
et augmentent, par consequent, les debits inaxima dans les regions inl'e-
rieures.
Nous considerons donc comme etant au moins tres-probables les deux
faits que M. Wex a voulu mettre en evidence, et, sous ce rapport, ses re-
chercbes se recommandent particulierement a l’attention des ingenieurs.
En ce qui concerne les causes de cette double modification du regime
des cours d’eau, VI. Wex met en premiere ligne, a l’exemple de la plupart
des ingenieurs qui se sont occupes de cette matiere, le deboisement des
montagnes et le defrichement des forets en general. En y ajoutant, comme
nous venons de l’indiquer, le resserrement incessant des terrains submer-
sibles dans l’interet de l’agriculture, on a une explication plausible de
l’augmentation des debits maxima des crues et de la diminution des debits
minima des eaux basses.
Quant aux moyens preventifs, M. Wex einet des opinions qui ont ete
dejä exprimees bien souvent, ä l’excepfion toutei'ois des puits absorbants,
qui, a notre connaissance, n’ont pas encore ete proposes au point de vue
des grandes inondations. Ccs puits peuvent etre tres-elficaces ponr des des-
sechements de marais, ou pour la defense contrc des cours d’eau tres-se-
condaires, comme le prouve 1’exemple eite par M. Wex et comme on pour-
rait en citer beaucoup d’autres; mais ils n’auraient evidemment aucune
influence sensible sur la hauteur des crues des grandes rivieres, dans les