f
INDUSTRIE DOMESTIQUE NATIONALE. 227
phant. A quels besoins repondent et quelle ulilite peuvent avoir ces faux
\ cbeveux de satin gaufre, surcharges de denlclle ä un sou lc metre et de
fleurs de papier confectionnees ä la mecanique ? C’est cependant pour de
tels ornements que les peuples sauvages vendent leurs enfants et alienent
jusqu’a leur propre libcrte.
Ces faits, malgre ce qu’ils ont de triste pour la morale et de revoltant
pour la raison bumaine, ne laissent pas de se reproduire, sous des forines
plus adoucies, en pleine civilisation. 11 y a chez nous aussi des industries
provocatrices et des consommations compromettantes ou coupables, dont
le travail domestique a par devers 1 ui rheureux privilege de n’etre ni l’itni-
tateur ni le complice.
VI
' Les circonstances dans lesquelles se produit le travail en famille, et les
liniites dans lesquelles se trouve restreinl l’usage de ses creations, le pre-
servent de cette surexcitation, de ces cxces et de ces fautes. II ne don-
nera jamais naissance a ces produils sans destination et sans emploi, qui
cberchent leur placement, non dans la paisible jouissance de la vie,
mais dans la d<$pense inutile d’un faux luxe. Ce qui caracterise avant tout
reffort individuel developpe au sein de la famille, c’est que cet effort a
une raison d’elre antecedentc, et qu’au lieu d’elre l’initiative d’une sollioi-
fation, il est la satisfaction d’une jusle necessite.
Au reste, ce qu’il y a de plus remarquable dans cette ricbesse domes-
lique, c’est quelleprovient autant de la creation que de l’epargne. Si, pour
se d^fendre contre les intemperies des Saisons, il est absolument indispen
sable h l’homme de se couvrir d’un vötement, il est pourvu a ce besoin,
■, non pas seulement par le tissage qui transforme le fd en etoffe, mais aussi
par l’economie et le soin qui prolongent la durde de l’habit. Avec son ai-
guille, l’infatigable rnere de famille ou le pere avec son marteau prolongent
l’usage des vetemenls et du mobilier; ils exercont ainsi une vigilance active
contre la deslruction trop prompte a bäter la fin de toute chose, et pro-
duisent reellement.
La mere de famille se trouve donc occupee et preservee de ces loisirs
enervants qui perdent los fern nies a lous les degres de l’echelle sociale.
Sous ce rapport, l’extreme bon marche des objets et des vetcments a in-
Iroduit sur beaucoup de points, parmi les classes ouvrieres, des habitudes
vraiment funestes. Le linge de papier, inventö en Amerique, est immedia-
tement jete aux vieux chiffons, sans pouvoir, bien entendu, ni se raccom-
moder ni se blanchir; on procede de meme pour les cbaussettes de coton,
' i5.