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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
ture, tissage, impression, tout se fait sous l’impulsion de puissantes ma-
chines oü la vapeur devore le labeur et le temps; voila un des produils
industriels Ies plus economiques parmi ceux qui figuraient au Prater.
Les Indiens de l’interieur des terres ont aussi apporte au Palais de l’In-
dustrie universelle des mouchoirs imprimes. Le coton en est carde et file
a la main, le tissage s’en fait dans la demeure meine de la famille. Les
fds de la cliaine sontplies sur d’informes rouleaux, et passes ensuite alter-
nativement sur deux peignes avec des larnes de bois pour dents. Ces deux
peignes remplacent les deux lisses de nos tisserands, et sont cömmand^s
par deux cordes que fait agir la main de Pouvriine; car ce sont presque
toujours desfemmes ou desjeunes filles qui se chargent de ce rüde travail.
La navette a deux fois la largeur de 1’etoffe, et l’ceillere de la trame est
placee precisement au milieu. L’etolTe faite s’enroule en nceud autour de
la tadle de l’ouvriere. Le Iravail comnience, celle-ci tend vivement les fils
en se rejetant en andere et en arc-boulant un piecl au nieder, d’une main
eile leve un des peignes et ouvre le pas des fds, de l’autre main eile fait
passer sa navette, en en frappant 1’etolTe comme avec un battant, et serre
la trame sur le pas. Rien de plus penible ä voir que celaborieux travail,
qui met en jeu tout le corps pour un seul coup de trame.
On produil ainsi, par un labeur tres-penible, un peu plus d’un melre
d’iitoffe parjour. Certains metiers tissant mecaniquement plusieurs pieces ä
la fois donnent plus de dix metres a l’heure.
Voila le tissu de mouchoir de coton acheve; il ne s’agit plus que de le
teindre et de l’embellir par l’impression.
C’est la une des occupations usuelles des jeunes filles de condition bour
geoise au Japon et dans les Indes.
La tisseuse est souvent une domeslique travaillant ala peine pour toute
la famille; celle qui va orner le tissu est une artiste qui apporte son goüt
et sa dexlerite de main. Voici comment eile procede:
Le carre d’etoffe prepare est d’abord blanchi, puis fixe sur un cadre de
bois. Avec une petite palelte, la jeune fille elend sur certaines parties de
ce moucboir la cire, de facon a figurer par le contour des feuillages, des
tiges, des semis de figures geometriques, le plus souvent de formes ovales,
(jui s’expliquent par la necessite d’elendre la cire avec la palette. Ce dessin
est ainsi forme par une coucbe de cire portee sur 1’etolTe; eile plonge alors
le mouchoir dans une teinture invariablement bleue ou rouge. Les parties
recouvertes en cire ne sont pas louchees par la teinture; il lui suflil alors
d’enlever cette cire, et le dessin apparait en blanc sur le fond de couleur.
11 faul deux ou trois jours pour imprimer ainsi un mouchoir; la jeune
fille qui a fait ce travail le suspend alors a sa fenetre ou il reste expose pen-