INDUSTRIE D0MEST1QUE NATIONALE.
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dant plusieurs seniaines, pour montrer ä tous qu’elle n’est point oisive et
comment eile sait utilement employer son temps; dans le village on se
raconte lcs nouveaux dessins qui ont paru aux fenetres, chaque jeune fdle
s’efforfant ou d’imiter parfaitement une impression dejä connue ou de
decouvrir elle-meme quelque nouveau dessin.
A l’autre bout de la terre, chaque machine d’impression mecanique jette
sur le marche du mondc deux ou trois mouchoirs imprimes par minute.
Tels sollt les deux extremes du travail domestique et du travail industriel.
Parce que cette production mecanique a bas prix donne des resultats
^tonnants, faut-il que les jeunes indiennes n’ulilisent point leurs loisirs ä
creer laborieusement ces carr^s de tissus qui representent leur travail, leur
adresse, leur intelligence ?
Les producteurs du mouchoir a la machine nous repondront peut-etre
oui, tous les amis de l’humanite diront non!
Cette femme accomplit son devoir, employant utilement son temps; le
gain n’est pas son seul but, son labeur doit etre mis en honneur, parce
qu iI represente la volonte agissanle et libre qui accomplit en travaillant
les lois de l’existence humaine.
IX
Ces deux points opposes du travail nous offrent le spectacle d’un con-
trasle, mais non jioint l’opposition d’un antagonisme. L’humanite n’en est
point reduite, quoi qu’en puissent penser certaines nations eniviAes de leur
industrie et de leur richesse, l’humanite n’en est point reduite a choisir
entre ces deux extremites f’unesles, ou d’inslaller la paresse au foyer do
mestique, pendant que le travailleur se constituera l’esclave de la machine,
ou de renoncer aux progres de la Science dans l’ordre industriel, et de s’en
tenir, avec notre civilisation, aux traditions de la tribu patriarcale.
II y a toujours et partout un moyen terme, c’est la gloire de la France
de l’avoir compris; ce sera son honneur et, nous l’esperons, sa superiorite,
de savoir le niettre en pratique.
II ne s’agit point ici d’un ideal dont on poursuivrail la chimere, mais
d’un progres dont on entrevoit l’avenir, pour assister deja ä son conimen-
cement d’ex&ution.
L’heurcuse alliance du travail domestique et du travail maiiufacturier
pcut se realiser d’une facon bien simple : il suffit que les ressources de la
Science et du travail en commun puissent ^tre pretes a l’ouvrier, saus
avoir ä l’arracher a son interieur et sans le soumettre a la claustration
manul'aclu riere.