INDUSTRIE DOMESTIQUE NATIONALE.
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quelJe les nations peuvent momentanement passer, mais ovi dies ne doivent
point s’dablir. 11 y a ici trop de pÄrils ä braver et trop de sacrifices ä
faire pour qu’un peuple sage et eclaire se rÄsigne a voir dans ce mode de
travail un etat normal et süffisant.
Par contre, l’industrie domestique nationale, demeuree dans sa forme
patriarcale et absolument privee de toutes les ressources de rintelligence
moderne, reprdsente cet etat d’isolement et de faiblesse qui depense des
efforts prodigieux saus arriver, dans l’ordre de l’utile, ä des rdsultats Äqui
valents et dignes de sa vertu.
La destinde industrielle des nations repose donc sur une conciliation
efficace entre le travail domestique, lequel ne doit etre ni absorbd ni sus-
pendu, et ce que j’appellerai le travail scientifique, qui harmonise les
efforts par le rÄsultat, par leur methode, par leur outillage, sans les asservir
a un atelier unique, ä un regime exceptionnel, ii une existence abstraite.
C’est dans le groupe XXI que se sont produits les premiers essais
de rindustrie naissante; c’est encore au groupe XXI que retournent les
supremes efforts de l’humanite perfectionnde. 11 faut donc que, par un
progres legitime, les expositions prochaines menagent dorenavant au
groupe XXI une place digne de lui.
II s’agit de savoir, en effet, si Fon devra continuer a encourager exclu-
sivement cette production fievreuse, passionnee, qui surexcite la consom-
mation, provoque le besoin, et finalement nuirait ä la societe en dÄ-
sorganisant la famille. Les peuples ne sont pas faits pour devenir des
machines a production, ni des pieces engrenees fatalement dans l’oulil-
lage manufacturier. Ils sont amenes, par les besoins de la production, ä
subir, ä leurs risques et perils, des conditions malheureuses; leur der-
niere ressource doit etre de les regarder comme temporaires, et leur su-
preme esperance de les remplacer par des conditions meilleures.
C’est dans ce sens surtout que devront agir les organisateurs des futures
expositions; il leur appartiendra de prevoir et de prÄparer le temps ou,
par un heureux retour, l’independance du foyer domestique pourra etre
rendue a tous les travailleurs.
Pour arriver ä ce resultat, qui est l’avenir et l’espoir de la civilisation,
il convient de ne plus considÄrer seulement dans les expositions l’appa-
rence des choses, c’est-ä-dire le travail pour le travail; il faut considerer
surtout ce travail non-seulement au point de vue de l’objet fabrique, mais
encore au point de vue de l’homme lui-meme, qui doit y trouver, avec la
satisfaction de ses besoins, le soutien de sa vertu et la garantie de son
bonheur.
E. RONDELET.
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