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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
Saint Jean-Baptiste, appartenant a l’Etat, et le Narcisse, du meine artiste,
completaient son interessante exposition.
M. Lepere est un statuaire de la Lonne ecole; son Diogene, quoique
d’un type un peu trop moderne et presque parisien, est une ceuvre re-
marquable et etudiee avec un soin rare.
Dans un autre genre, les deux figures en bronze de M. Moreau-Vau-
thier, YAmour et un Buveur, sont des etudes d’une finesse extreme.
On peut dire que le Jury a eprouve un veritable embarras au sujet de
la sculpture franjaise. Les ouvrages de merite etaient si nombreux, qu’il
a du renoncer ä lessignaler tous. II n’aurait pu neanmoins oublier sans in-
justiee MM. Heller et Levillain, auteurs de gravures en medailles et pierres
fines tres-remarqu ables; M. lselin, d’un tres-beau buste; M. Cabel, d’une
ligurc excellente, quoique un peu exageree d’expression, intitulee i8ji,
et M. Mene, qui a expose des groupes d’animaux.
La belle statue de Virgile, de M. Thomas, a ete mise bors concours par
suite de quelques mois de trop dans la date de i’ouvrage.
Nous pourrions encore noter le bas-relief de M. Noel, le joli Buste Re
naissance de M. Degeorge; la Jeune Fille et la Mort, ceuvre saisissante de
M. Hebert; 1’Innocence et YAmour, composition charmante de M. Protheau:
VAvare de M. Perrey, la Dalila de M. Frison, le Beveil de M. Franceschi, et
des ouvrages d’un interet non moindre dus au talent de MM. de Connv,
Sanson, Clesinger, Maillot, Doublemard, Bartboldi, Loison, Cambos,
Aizelin, Trupheme, Allasseur, Boisseau, etc. etc.
Ce qu’il est impossible de ne pas remarquer, et ce dont on resle frappe
dans toutes les oeuvres que nous venons de nomrner, c’esl la valeur et ia
force des etudes de nos artistes. 11 a ete plus d’une fois rendu justice,
pendant le cours de Texamen du Jury, a la superiorite de notre enseigne-
ment, par les membres etrangers. Les statuaires eminents qui ont instruit
dans leur art la generation actuelle, comme David d’Angers, Pradier, etc.,
et ceux qui leur ont succede et qui professent aujourd’hui, se sont tou-
jours attaches plutot a faire des Meves travailleurs qu’a crder des ecoles;
ils ont laisse chacun sous la direction de son genie parliculier, seule
maniere d’arriver a produire les hommes de talent.
11 faut reconnaitre que l’eleve (|ui s’adonne aujourd’hui ä l’art de la
sculpture et qui veut enapprendre le difficile melier doit posseder une voca-
tion veritable; on ne peut le supposer pousse par la perspective d’un tra-
vail largement remuneni ni par celle d’une fortune rapide : d n’y a pas ici,
comme pour la peinlure, de ces fantaisies de la mode qui font passer le
debutant, du soir au lendemain, de la misere & la richesse, en lui impro-
visant une reputation dont ii est le premier surjiris et qui paralysera peut-