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288 EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
|)loin desert; dans la Mosquee, au lendemain d’un drame plus tcrrible;
cnfin, dans le Rain et surtout dans Je Marche, l’arliste nous montre qu’il
peut sorlir des dimensions de la peinture de chevalet, peindre le nu rt
representer autre cliose que des burnous, des caftans de soie et la vie exte-
rieiire de l’Orient. M. Gerome resume un des rotes caracteristiques du
talenl de nos peintres de genre, l’ingeniosite dans le clioix et dans l’ar-
rangement du sujet.
Par la perfection avec laquelle ils le Traitent, c’est presque un genre
nouveau que celui de MM. Vibert, Worms, Leloir, etc. On dirait une
sorte de pendant de l’ecole de Düsseldorf, avec cette difference que le colo
sentimental d’outre-Rhin fait place ici ;i des qualites plus francaises. La
Cour de la diligence, scene espagnole de M. Vibert, le Mahn de Ja noce, le
Fripier, sont des ceuvres spirituelles et charmantes. Les porlraits de
MM. Goupil et Coquelin ne servent que de pretexte ä des tableaux de ebe-
valet, tres-reussis tous deux.
M. Worms continue ä faire revivre 1c premier Empire. La Romance d la
mode est un de ses meilleurs tableaux. II sail exhumer de vieux cartons
poudreux des coifTures et des costumes d’un grotesque acheve, saus pour
cela tomber dans la charge.
Nous n’avons pas besoin de dire tout le succes obtenu a Vienne par le
Coup de canon de M. Berne-Bellecour, et par ses deux autres tableaux, la
Procession et le Chasseur russe.
M. Gide avait envoye trois compositions, de celles qu’il affectionne, des
Moines d l’äude, une Ambulance (Jans le couvent de Cumiers, etc.; M. Chenu,
deux Effets de neige; M. Armand Leleux, une suite de sept tableaux , parmi
lesquels le Mariage protestant, la Causerie, 1’Indiscrete, et ce charmant La-
boratoire du couvent des Capucins, que ebaeun se rappelle avoir vu aux
Champs-Elysees. M. Leloir avait deux toiles, le Ralliement et la Charmeuse;
M. Melida, une Messe de relevailles en Espagne; M. Bonvin, le Mendiant et
1’Entree de la care, enfin, dans un genre microscopique et tout ä fait ;i
pari, nous retrouvons les tableaux si etonnants de M. Eugene Feyen, les
Lavandieres et VAssemblec du Mont-Dole.
Le classement d’un grand nombre d’ceuvre.s interessantes est loujours
chose difTicile, lorsqu’on veut grouper ensemble certains sujets ou les pro-
duits dune meme ^cole. Ayant commcnce par les noms MM. Meissonier
et Gerome, nous avons enumere a leur suite tout ce qui nous a paru ren-
trer a peu pres dans la peinture de chevalet; mais le bataillon de nos
peintres de genre ne se bornait pas, a Vienne, aux hommes de talent que
nous n’avons fait que placer a l’avant-garde. D’ailleurs, ainsi que nous
l’avons dit au dehnt, la peinture d’bistoire disparaissant aujourd’hui de-