EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
Plafond d’Apollon, c’est peut-etre, dans le lot qui represenlait Delacroix, Io
tableau qui aura c(e vu a Vienne avec le plus d’interet; tout le rnomle n’a
pu admirer Foriginal, et Ton retrouve dans cette copie, ou plutöt dans cette
premiere idee de la vaste composition du Louvre, la magie liarmonieuse
et l’entente du style decoratif qui font de ce grand artisto un liomnie
a part dans l’hisloire de l’art francais. Chose curieuse, sa reputation, qui
grandit chaque jour a l’etranger, a et6 des ses debuts considerable en
Allemagne parmi les peintres. II semble qu’en se jetant au-devant d’un
innovateur et d’un coloriste ils aient voulu protester rontre leur propre
genie, ou conlre une tradilion qui les vouait depuis longtemps a une pein-
ture severe et correcte, mais sans passion et sans jeunesse.
Notre paysage a eie represente a Vienne d’une f’aeon splendide et aussi
complete qu’elle pouvait l’etre. Cette branche de l’art de la peinture, dans
laquelle nous avons compte depuis quarante ans lanl d’hommes eminents,
n’est plus, comme au debut des Huet et des Rousseau, une specialite fran-
raise. A nos artistes reslera l’honneur d’avoir trace la voie nouvelle suivie
depuis lors par la plupart des paysagisles etrangers. Ils remplajaient la
forme academique et froide des compositions de l’Empire et de la Restau
ration, qui fit a ces epoques la reputation des Roguet et des Reinond,
par l’etude franebe et directe de la nature. Sur de pareilles bases, le succes
d’une reforrne ne pouvait etre douteux; mais, pour rendre ä chacun ce-
pendant la part qui lui revient dans cette transformation, disons qu’en
Angleterre deja de hardis coloristes avaient rornpu avec les traditions
consacrees : ainsi, les deux tableaux de Constable, r^cemment places an
Louvre et dus A la generosite d’un amateur, ami de notre pays, avaient
]irdcdd(^ les ceuvres de Paul Huet; puis, par un reviremenl que l’on ne
s’explique guere, a rnesure que l’exemple de nos peintres de i83o cau-
sait sur le continent unerevolution dans l’artdu paysage, la forme sincere
et large des premiers initiateurs etait peu a peu oubliAe de nos voisins et
l’aisait place aux conceptions et aux manieres les plus etranges, qui de-
vaient les conduire bientot au prAraphaelisme. Nous reviendrons sur ce
sujet lors de l’examen de la seclion anglaise.
Trois tableaux, le Debordement dans une foret et deux Vues prises d Fon
tainebleau, iormenl ici Fexposition de P. Huet, completee par quatre dessins
ou lavis, oü se retrouve dans chaque trait l’ami fidele et irreprochable de
la nature. Ces tableaux sont trop connus pour que nous en parlions plus
amplement.
Le lot de Theodore Rousseau se composait de neuf toiles, parmi les—
quelles le Malin, le Soir, la Ltsiere de Clairbois, le Chine dans la plaine et
la Sortiede foret. Ces deux derniers rhefs-d’oeuvre, on ne saurait lesnommer