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autrement, suffiraient pour dünner la inesure de l’homme. Dans Tun et
l’autre tableau, un des grands problemes de la peinlure, reunir la vigueur
des tons et l’eclat d’une vive hindere, se trouve magistralement resolu.
Un copisle eprouverait, en voulant reproduire ces eß'ets d’apres les origi-
naux, le meine embarras qu’en face de la nature. 11 se demanderait com-
ment il pourra obtenir cette transparence coloree du ciel, cette application
nette et sans durete de la Silhouette d’un ebene sur des nuages que 1c
soleil transperce, cette perspective si juste des terrains. Le tableau de la
Sortie de foret esl heureusement la propriele de l’Etat et ne quittera point
nos musees.
Le diene dans la plaine, provenant de la colleclion Morny, est un des
tableaux les plus complets de Rousseau. Le sujet en est simple assure—
ment: un arbre isole au milieu d’un cliainp; le soleil de midi tombe
d’aplomb sur le sol couvert d’herbe et de bruyere et l’inonde de hindere.
Le spectateur a vu et senli ce qu’on lui montre; c’est loute une idylle,
lout un poeme de la vie champetre, que ce tableau si simple et qui peut
etre considere comme un des plus remarquables de lecole moderne.
I royon netait pas moins bien represente; quelques-uns des ouvrages
envoyes a Vienne sont tont a fait inconnus du public et dalent des der
beres annees de cet artiste, mort en 1865. Le Päturage de Normandie
n’iitait jamais sorti de chez l’amaleur qui le possede. II s’agit encore de
cette vallee de la Touques que Troyon affectionnait et oii il passait au tra-
vail une partie de ses etes.
Parnd les toiles revues avec plaisir citons : la Fronende des poulcs, lc
Troupeau pendanl l’orage, peinture puissante et energique de la Collection
Paturle; les Vaches sous bois, si bien gravdes par AI. Lalanne; enfin le
Gardien du troupeau, representant un cliien de berger campe fiereinent sur
un tertre et surveillant le defile des moutons confies a sa garde. Les Alle-
inands faisaient un cas particulier de ce tableau, dans lequel ils croient
voir une pcns<$e philosophique que Troyon n’a certes pas eue, et que,
pour ina part, meine ajires explication, je ne suis pas parvenu a saisir.
II est regrettabie que nous ne puissions enregistrer qu’un seul tableau
de M. Jules Dupre, une Marine. (>e peintre de talent manque ici pour
completer. par deux ou trois paysages, une reunion oii il se lut trouve en
bonne Compagnie.
Nous arrivons a AI. Corot. Leu d’hommes onl le Sentiment de Ieur art
pousse a un plus baut degre; son jugement et ses conseils ont une infail-
libibte proverbiale: qu il se trouve en face de la nature ou d’un tableau
en train sur le chevalel d’un atelier, l’impression qu’il refoit est toujours
la juste et la bonne; il s’exprime rapidement et sans sc perdre dans les