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294 EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
details. L’execution parfois trop sommaire qu’on lui reproche est justement
le cote original de son talent; il recherche les etfets simples et bien ecrits, ,
et Ton est sur que dans chacun de ses ouvrages il y a toujours le tableau.
Si dans ses Vues de Ville-d’Avray, dans sa Matinee, il nous fait assister ä
des scenes que chacun a vues, il sait atteindre le style eleve dans sa Danse
antique ou dans son Orphee.
M. Daubigny, qui a expose une Vue de Villerville et une Ferme pres
d’Honßeur, est aussi, avec une execution plus male, un artiste d’impression.
Il voit la nature robuste et precise, M. Corot la cboisit d^licate et vapo-
reuse; mais tous deux croiraient lui enlever sa majeste et la rapetisser en
essayant d’analyser ce qu’ils ont senti, ou en surchargeant de details la
grande irnage quelle leur donne.
Le talent si original et si particulier de ces deux artistes n’a aucun
equivalent dans les pays etrangers. Pour tont dire, ils n’y sont pas com-
pris; peut-etrc redoute-t-on les ecarts auxquels l’exemple d’une peinture ►
libre et sure d’elle-meme entrainerait les jeunes debutants. Cela est mal
heureusement arrive chez nous; nous possedons une nombreuse ecole qui
voile son impuissance et se sert du pretexte de la seule recherche de
Fimpression pour se dispenser de dessiner ou d’apprendre a peindre.
MM. Corot et Daubigny auront eu cet honneur d’etre dangereux a la facon
de Velasquez et de Frans Hals, que Fon met aujourd’hui audacieusement
en avant pour excuser d’incroyables brutalit^s de procede ou des dpeuprcs
sans talent.
M. Diaz est un peu dans le meine cas. 11 est apprecie ä sa jusle valeur,
seulement par les Connaisseurs ou les artistes. C’est en face d’un de ses
tableaux qu’un peintre allemand me disail : «Nous avons bien un Düssel
dorf et un Munich, mais il nous manque un Barbizon.»
Les six toiles remarquables qu’il a exposees confirment notre observa-
tion au sujet de Fextreme variete d’interpretalion de la nature qui distingue
notre ecole de paysage et la rend si interessante. Quelle comparaison eta-
blir, par exemple, entre les vues de Fontainebleau de M. Diaz et les etudes
si curieuses de M. Robinet, ou bien entre les Vues de Venise de M. Ziem
et celle qu’a exposee M. Busson? (Fest ce cachet d invidualite, dont chaque
oeuvre porte Fempreinte, qui etonne et seduit dans nos expositions.
Le talent de M. Francais, plus perceptible, plus a la jtortee d’un nom-
breux public, a ete fort applaudi dans ses quatre envois, surtoul dans sa
heile composition de Fan dernier, Daplmis et Cliloe, et dans ses Fouilles
d Pompei.
Une reunion de realistes, dans le meilleur sens du mot, nous donne,
en outre, un excellent ensemble de paysages. Je cilerai dans le nombre la