BEAUX-ARTS.
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tres-grand effet, et il est impossible de n’etre point saisi. En serait-il de
m4me si le tableau se trouvait au milieu d’un nombreux voisinage, et s’ii ne
frappait pas des yeux reposes et cpie rien ne vient distraire? On peut en
douter. Quoi qu’ilen soit, il y a dans l’ceuvre de M. Makart une hardiesse,
une fougue, unc habilcte dans l’emploi des tons, qui annoncent un grand
temperament de peintre. Les difficiles reprocheront peut-etre, en quelques
parties, l’insuffisance du dessin ou certaines lourdeurs et opacit^s dans les
ombres qu’ont toujours su eviter les maitres dont M. Makart s’inspire;
mais tout cela est conduit avec taut d’entrain et de facilite, que l’on reste
seduit rnalgre soi. Ges grandes qualites de M. Makart pourront bien etre
plus tard, s’il ne s’en defie, l’ecueil de son talent.
Les portraitistes sont assez nombreux dans la section autrichienne; nous
y tx’ouverons plusieurs bons ouvrages : d’abord un portrait de femme de
M. Von Angeli, dont le succes a et<i tres-grand. La peinture en est ferme
et solide; les blancs sont traites avec talent. Nous distinguerons particulie-
rement, parmi buit autres portraits du meine auteur. celui de l’archiduc
Regnier et celui d’un enfant, n° 2/16.
MM. Charlemont et George Mayer ont aussi expos4 des portraits de
fernmes dignes d’attention, ainsi que M. Grabowski celui d’une personne
ägee.
Vient ensuite le portraitiste officiel, M. Lenbach, dont nous reverrons
tout ä l’heure d’autres ceuvres dans la partie de rAllemagne du Nord. Le
portrait.de l’empereur d’Autriche, le plus en vue et le plus adrnir^, nous
a paru cependant un des moins heureux de cet artiste. Les tons criards du
pantalon rouge, des details de l’uniforme, des nuages blancs du fond,
lirent l’ceil de tous cötes et l’empöchent de se reposer sur le point prin-
cipal, qui est la tete du modele. 11 n’esl pas rare de voir aujourd’hui nos
peintres oublier cette condition prämiere du portrait, qui est le caractere
essentiel des ceuvres des maitres, l’effacement de la nature morte devant la
nature vivante. Lorsque Rembrandt repr^senlait une vieille a collerette
plissee, Velasquez son fameux aeteur tragique, ils savaient ne nous donner
que des blancs relatifs et laisser toute l’importance lumineuse aux tetes et
aux rnains des personnages.
M. Rodakowski evile ce defaut de M. Lenbach dans les portraits qu il
nous montre, et dont quelques-uns ont et4 exposes a Paris. Nous avons
revu entre autres, avec plaisir, celui de la dame vetue d’un manteau noir
double de rouge, qui est d’une grande harmonie et d’un ton superbe, et
qui avait figure aux Champs-Elysees en 1870.
M. Kaplinski nous est aussi connu; on admirait de lui deux portraits
d’hommes d’une tournure magistrale.