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BEAUX-ARTS.
qu’une scene confuse etfroide, incapable de remuer ou d’emouvoir, malgre
toute ia Science que i’on y d&ouvre.
Nous nous rappelons encore i’immense effet produit a Paris, a l’Expo-
sition de 1887, par le Jeremie du meine artiste ; ce tableau etait place dans
le grand salon carre sur ces ^chafaudages au moyen desquels on rnasquait
Ions les ans, pendant deux niois. les chefs-d’ceuvre des maitres. Les Noces
de Cana s’iitaient effacees devant lui. Le succes de M. Bendemann fut com-
plet. Son Jerimie fut medaillti, et nous croyons qu’il restera son meilleur
tableau. Qui peut dire Paccueil que le public lui ferait aujourd’hui?
Les Captifs de Babylone appartiennent au mus^e de Berlin, et s’y trouvent
en compagnie d’ceuvres importantes des principaux maitres modernes,
ontre autres du cbef-d’ceuvre de M. F. Kaulbacb.
Nous regretlons de n’avoir, a Vienne, a enregistrer que quelques por-
traits, pour representer le talent de cet öleve si justement populaire de
Cornelius. Peu d’hommes tenteraient de nos jours une composition de
l’ordre du Siede de la Reformation, que nous avons vue ä Paris, et qui valut
a l’auteur une de nos grandes m^dailles. Ce carton, le tableau de Berlin
et une suite de douze sujets, les Femmcs de Gwthc, que nous connaissons
peu en France et qui sont un specimen tres-caracleristique de Part alle-
mand du milieu de ce siede, r^sument assezbien le talent de M. Kaulbach.
Nous avons ä parier maintenant de deux toiies a Poccasion desquelles
la presse et le public ont fait grand bruit : la Construction d’une pyramide,
de M. Richter, et le Triomphe de Germanicus, de M. Piloty.
Ce n’est certes pas a ces deux ouvrages que pourrait etre appliqu^e la
qualification d’inbabiles, car ils sont au contraire traites avec une entente
considerable du melier; mais ici encore la fajon dont les compositions
sont agencees nous reporte, malgre nous, trente ans en arriere.
Chez M. Richter, quoi de moins neuf que cet architecte deployant un
plan devant le Pharaon indifferent, ou que ce sux'veillant tenant un fouet
pour stimuler au travail les noirs qui charrient les blocs de granit? Tous
les personnages sentent la pose du modele et sont en quelque sorte inde-
pendants les uns des autres; Pinteret ne peut se porter sur aucun, ni sur
le roi, ni sur la princesse, qui n’est la qu’un episode, ni sur les travailleurs,
qui s’agitent en plein soleil et ont Pair fort satisfaits de leur sort. Ces re-
serves faites. nous n’en conviendrons pas moins que M. Richter n’ait fait
preuve d’un incontestable talent et n’ait reussi a satisfaire un nombreux
public. Le reproche qui peut lui 4tre adresse, c’est d’avoir cboisi, pour ce
qui n’est en somme qu’un sujet de genre, les dimensions d’une gigantesque
page d’histoire. Sa preoccupation de representer la lumiere vive du soleil
d’Fgypte par des ornbres portees, bordees de bleu, cpii formen! sur les