EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
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terrains, sur les personnages et jusque sur les figures, des opposilions
dures et heurtees, nuit ä l’harmonie generale et ote tont cote sdrieux au
tableau. Ce qui est permls pour les dimensions de la peinture de fantaisio
ne Test plus pour celles de la peinture d’un autre ordre : je ne crois pas
qu’aucun grand coloriste se soitjamais laisse aller ä la tentation de repro-
duire l’üclat du soleil ä la fa$on de M. Richter; les chefs-d’oeuvre decora-
tifs de Paul Veronese, et, sans aller chercher si loin, YEntree des Croises de
Delacroix, et son ceuvre tout enlier. nous donneraient pleinement raison
sur ce point.
Le tableau de M. Piloty, tout different de caractere, prete neanmoins
aux niemes critiques que celui de M, Richter. S’il se recommande par une
mise en scene large et bien comprise, quoique un peu theatrale, et par
une execution d’une dexterile extreme, on ne peilt nier que lautem' n’ail
donne ä l’expression de ses figures une exageration qui depasse le but,
surtout dans le groupe principal de Thusnelda et des fennnes qui l’en-
tourent, et dans celui du vieillard dont un soldat ivre tire insolemment la
barbe blanche. 11 y a, de plus, une certaine banalite dans l’arrangemcnt
des personnages du premier plan, qui se rattachent tous a quelque poneif
d’atelier, sans grande nouveaute d’invention.
M. Piloty, fort estime coinme professeur, a cree de nombreux eleves,
parmi lesquels on compte M. Makart, dont nous avons cleja parle.
Ce ne sera point quitter les sujets qui n’appartiennent pas absolument
au gerne, si nous citons, ii cote du nom de M. Menzel, son tableau du
Couronnement de l’Empereur, quoique ce soit une oeuvre assez malheureuse
de ce peintre, voue jusqu’ici ä representer des sujets de la vie du grand
Frederic.
Nous pouvons rapporter au meine ordre les ceuvres de M. Lindenschmitt.
Cet artiste aime les scenes historiques; il compose avec sein, il etudie les
costumes avec conscience. Il a expose quatre tableaux dont les plus remar
ques ont ete les Icorwclastes el Ulrich de Hutten metlant en fuite une troupe
qui l’attaquait dans une auberge.
M. Albert Raur a fail des Martyrs chreticns rendus ä leur famille apres
leur mort. On empörte pour l’ensevelir une jeune fille dont la blanche
figure forme le centre de la composition; le funebre cort^ge, guidd par
un vieillard, quitte l’arene sanglante el s’engage sous les voules ; le groupe
principal est bien agence. Ce tableau a eu un succes inerite.
De sujets religieux, la section allemande ne nous en offre que trois ou
quatre; nous avons mentionne la Sainle Gene de M. Gebhardt; passons de-
’vant deux Samtes Familles de MM. Correns el Müller, pour arriver a un aulre
succes de l’Exposition, la Poursuite de la Fortune, par M. Henneberg.