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EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
nouveau, chez les paysagistes du Nord, du peu d’originalite et de Variete
que presente leur maniere; on rencontre rarement un sentiment individuel
et bien personnel de la nature. Ce que Ton peilt dire, c’est que, si les
homines de talent qui cultivent au delä du Rhin cette branche de l’art se
servent lous a peu pres du nierne pinceau, ils ne restent pas atlaches
exclusivement conime nous ä un certain ordre de motifs dont nos pein-
tres ne sorlent guere, tels que des alenlours de fermes, des landes, des
bords de rivieres. 11s font des excursions un peu partout: on voit de teinps
en temps, dans leurs exposilions, des vues de Suisse ou d’autres pays de
montagnes : chez nos artistes, c’est une rarete.
La mode est plus puissante qu’on ne pense dans les arts, et eile est
aussifantasque qu’ailleurs. N’avons-nous pas vu le public de nos Salons de
peinture se passionner tour a tour pour les sujets bretons; plus tard, pour
les paysans de la Foret-Noire? Aujourd’hui la inoitie du succes est assure
d’avance aujeune peintre qui aborde l’epoque du Directoire, les cravates
excentriques et les robes ä baute taille. La mode est en train de faire dis-
paraitre totalement certains genres : ainsi, depuis quelques annees, on ne
fait plus de marines; notre exposition a Vienne n’en renferme pas une
seule. Quand les deux ou trois velerans qui cullivent encore en Francecette
speciabte auront disparu, il faudra demander a la Hollande ou a la Russie
les derniers representants de l’art des Joseph Vernet et des Backhuysen.
MM. Kalckreuth, G. Steffan et Max Schmidt sonl du nornbre des amis
de la nature grandiose, et ils prouvent qu’il y a quelquefois moyen de
faire un bon paysage avec un beau site, des vallees profondes et des mon
tagnes couronnees de neige. MM. Hertel, Biomeis et Closs exposent des
vues d’llalie, d’Olevano, de Capri; M. Andre Achenbach, un habilue de
nos expositions, une Vue d’Ostende; M. Schwend, une Ville de Normandie;
M. Poschinger, des paysages de la cote anglaise; M. Holmberg, une
excellenle toile inlitulee ic Moulin ä vent pendant la tempete, et M. de Mal-
chus, une marine.
II faut noter comme ceuvres saillantes les deux tablcaux de M. Braith,
YOrage dans la monlagne et le Retour de la prairie. Le paysage et les ani-
maux sonl rendus avec habilete et savoir. MM. Vollz et Otto Gebier reus-
sissent, comme M. Brailh, dans la peinture d’animaux. Les Vaches au bord
de l’eau du premier ariisle ne seraient pas desavouees par Troyon. Le Cri-
tiqued’art, de M. Gebier, nous fait voir, dans une etable, un mouton exa-
rmnant attentivement l’elude qu un peinlre vient d ebaucher dapres un de
ses [»areils. C’est peint largement et concu avec infiniment desprit.
Deux aquarelbstes de mente doivent etre noles: ce sonl MM. Louis
Spangenberg et Carl Verner, de Leipzig, tun pour ses vues de Grcce,