BEAUX-A BTS.
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Cluysenaar. Le talent de ce dernier est bien connu de notre public; son
portrail du sculpteur de Groot est d’un ton qui rappelle les meilleurs
maitres; les mains sont traitees avec un art infini.
Les chefs de la peinture de genre sont toujours MM. A. Stevens et Tb.
Willems. Lin panneau tout enlier d’une des salles reunissait quinze toiles
de M. Alf. Stevens; quelques-unes ne sont pas nouvelles pour nous,
d’autres apparliennent a ce qu’on pourrait nornmer la seconde maniere
du peintre, comme le Bain, par exemple. On se demande d’oii pcut naitre
chez un homme babitue a reussir, presque sans rivaux dans une certaine
forme de la peinture, le besoin de cbanger d’babitude, de modifier les
dimensions de ses toiles et de sorlir d’un genre qu’il a cre£, pour aborder
les sujets et la fafon de tout le monde. Nous ne croyons pas <juc la repu-
tation de M. Stevens gagne quoi que ce soit a cette metamorphose.
Dans les lllusiom perclues, le Sphinx parisien, la Japonaise, et dans cette
serie de toiles charmantes dont il nous est impossible de faire Tanalyse
complete, on admire toujours Tart avec lequel le peintre a su s’identitier
avec le costume moderne et rendre les mille bizarreries de la toilette fe
minine. On a souvent reproohe ä nos artistes de ne prdparer, par les
sujets qu’ils traitent, aucun document qui puisse celairer plus tard l’his-
torien sur nos babitudes et nos mceurs. M. Stevens aura, quant ä lui,
paye largement sa dette de ce cöte; il ne peint, il est vrai, que des femmes,
mais ce n’est point sa faute si notre costume est si laid et prete si peu au
piltoresque.
M. de Jonghe a expos^ deux bons tableaux, PAtelier et les Bibelots;
M. Baugniet, un seul, intitule dans le livret allemand l'Etude de l’amour;
M. Florent Willems en comptait cinq, parmi lesquels le plus complet, et
celui qui nous a paru resumer toutes les qualites de Tauteur, est YEssai des
souliers. Un cordonnier agenouille presente a une demoiselle de bonne
maison une pelitc chaussure microscopique, ornde, bien entendu, d’un
talon a haute forme; la jeune fille confie son pied ä Tinstrument de sup-
plice. Les poses sont naturelles; Pexeculion est fine, soyeuse; tout est
rendu sans effort apparent et avec cette entente de la lumiere d’apparte-
ment que possedaient si bien les Hollandais.
De meine que M. A. Stevens, M. Willems compte peu de rivaux dans le
genre qu’il a choisi. C’est d’une tout autre facon que composent et pei-
gnent MM. Madou et de Brackeleer, auteurs, tous deux, de scenes popu-
laires et de sujets familiers. M. Madou est depuis longtemps sur la breche;
ses inventions sont spirituelles, mais tournent quelquefois un peu trop a
la ebarge. On a distingud dans son lot YAmi genant, le Sourd, le Baison-
neur. Les tableaux de M. Dansaert, la Dispute au caburet, etc., apparlien-