EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
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mais dont le pinceau ne manquait pas d’habilete, le Hollandais cjui veut
laisser son image ä sa famille n’a d’autre ressource que la photographie.
Nous n’aurons donc ä parier ici que de la peinture de clievalet, paysages
ou sujets.
Le noni de M. Alma-Tadema nous fera d’abord grandement defaut. Le
moindre des ouvrages de ce peinlre original a toujours un cote interessant
et curieux; il ressuscite des epoques auxquelles personne ne songeait; il
le fait avec un grand esprit et une invenlion charmante.
(Test M. Israels qui fixera tout d’abord notre attention. Personne
n’ignore les qualites vigoureuses de sa peinture. Son principal tableau,
parmi les cinq qu’il avait envoyes, est 1'Enterrement. Un pere de famille
vient de mourir; au premier plan, une jeunc mere accablee pleure aupres
de ses deux enfants et laisse partir le cercueil sans avoir la force de lui
jeter un dernier regard. La pauvre cabane n’est eclairee que par une lu-
rniere faible qui penetre par la porte ouverte. Cettc toile respire la tristesse
et le deuil; les expressions sont vraies etpoignantes, l’arrangement general
est excellent. M. Israels a dtudie Bembrandt et cherche, comnie ce grand
maitre, ses effets dans les valeurs des clairs-obscurs.
Un autre artiste, dont le pinceau aime les eclals de tons pousses au vif,
M. Bisschop, avait expose cinq tableaux de sujets varids. La preoccupation
d’obtenir un effet violent nous semble entrainer l’auteur a un travail de
pate qui rend ses tableaux plutöt bätis que peints; la facture est la meine
pour les etoffes, les murailles, les chairs; il en rdsulte que les parties vi-
vantes n’ont jamaisl’importance qu’eiles doivent avoir et restent au-dessous
de l’eclat des accessoires.
M. Bosboom, qui traite generalement des sujets d’interieur d’eglise ou
de sacristie, avec des personnages, entend autrement Feffet; il le cherche
par l’harmonie et la finesse des tons. Il excelle a donner la valeur parti-
culiere et toujours juste ii chaque partie de son ensemble; il sacrifie ce qui
doit l’etre, et sait placer ses ligures ä l’endroit qui leur convient, et les
accentuer suffisarnment pour que l’oeil lesrencontre avant de courir ailleurs.
Les huit tableaux qui formaient l’exposition de M. Bosboom etaient tous
empreints des meines qualites.
Chez les peintres adonnes aux sujets familiers, nous remarquerons
M. Elchanon Verveer, qui comptait cinq toiles, dont les plus interessantes
etaient le Loup de wer et le Brevet du marin; M. H. Ten Kate, artiste fecond,
dont les ouvrages nous rappellent un peu ceux de feu Lepoittevin et de-
notent une prodigieuse facilite de pinceau; M. Sadde, qui a expose une
Distrdnitwn de pain aux pauvres, spirituellement composee; M. Slraebel,
auteur de la Boutique de forfevre et de deux autres tableaux; et M. Bles.