BEAUX-ARTS.
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les attaque. 11 n’y a au fond, dans cette maniere d’agir, aueune contra-
diction; il ne faut y voir que du patriotisme et beaucoup de bon sens.
De meine qu’en Hollande, nous n’avons a nous occuper que de pein-
tures de genre; malheureusement, bien des nonis marquants nous feront
defaut, surtoutparmi les aquarellistes.
Un seul artiste anglais, parrni ceux dont les ouvrages etaient ex-
pos^s a Vienne, nous parait, tout en ^tant rest4 de son pays, avoir fait de
sO’ieuscs Stüdes des grandes epoques de l’art : nous voulons designer
M. Leighton, membre de l’Academie, dont le nom etle talent sont connus
en France; il avait exposii en 1867 deux tableaux tres-interessants. Nous
trouvons ici deux toiles de lui, Cleobulus et Cleobule et Apres les vepres,
ainsi qu’une grande figui’e non portiie au livret et representant un artiste
du xvi e siede. Le style eleve de cette derniere peinture est d’autant plus
appreciable qu’elle se trouve placee entre deux autres de meme proportion
et deslinees comme eile a une ddcoration d’ensemble. On sent dans cette
oeuvre de M. Leighton, dans le caractere de la figure et dans l’ajustemenl
du costume, l’admiration fervente de l’auteur pour l’ltalie et les maitres de
la renaissance; de meine que dans son tableau de Cleobulus, et dans une
Eleclre qu’il avait pr^cedemment exposee, on respire un parfum antique.
Si les conceptions d’un certain ordre nous manquent, nous trouvons
quelques sujets historiques traites avec originalite : tels sont la Derniere
null du duc d’Argyle, par M. Ward; Edouard II et son favori, par M. Marcus
Slone; la Reine Elisabeth et sa cour recevant la nouvelle de la Saint-Bar-
thelemy et donnant audience a l’ambassadeur franjais , par M. Yeames.
Les artistes anglais changent volontiers de genre, de sujets, souvent de
moniere, suivant leur fantaisie. Ges IiGsitations et ces tätonnements sont
un peu la consequence de la crise que leur ^cole a travers^e en ces dernieres
ann^es, et qui n’aura pas etf;, croyons-nous, sans utilit^ pour eile; il s’agit
du pr^raphaelisme, erreur dont eile se guerit tous les jours.
On peut, sans contredit, nommer une erreur cette pr^tention de rayer
de l’liistoire de l’art les trois siecles qui ont vu le Titien, Rembrandt, Ve
ronese, Rubens, Van Dyck et Raphael lui-meme, rejete par les reforma-
teurs comme un corrupteur dangereux.
Le cotd bizarre et sans precedent de cette tentative de Involution, c’est
qu’elle a eu pour chef, non un artiste, inais un ecrivain. Il est vrai que les
id^es de M. Ruskin Etaient surtout des idees philosophiques; il cr^ait une
secte plutot qu’une ecole; peu a peu ses adeptes, rench^rissant sur la
pensee assez mal definie de leur apotre, en firent une sorle de confrerie
religieuse, de franc-mafonnerie ayant une morale appliqutie a l’art, mo
rale dont le poinl de d<5part etait l’horreur dumensonge. Or, comme l’art,