BEAUX-ARTS.
319
soie et les souliers, ainsi que le vase de porcelaine. L’autre portrait repr£-
sente trois soeurs. La tete de celle du milieu a une vie exlraordinaire; les
yeux en sont touches avec une franchise rare. La jeune fille de profd est
charmante, et doit 4tre, comme ses soeurs, d’une ressemblance complete;
aussi ose-t-on a peine hasarder une observation sur le manque d’ensemble
du dessin de la troisieme töte, qui est la moins heureuse et parait plus
negligc^e.
On se trompe souvent sur la duree du travail qu’un tableau a pu cou-
ter; teile peinture finie et lechze aura faite en quelques jours, alors
qu’une ebauche, en apparence, n’aura ete obtenue qu’apres mille ellbrts.
Nous ignorons comment peint M. Millais; mais, en voyant certaines parlies
de ses portraits, les inains par exemple, on peut craindre qu’il n’arrive
avant peu ä des resultats que le public mettra sur le compte de sa negli-
gence et qui seront juges severement.
Puisque nous en somnies au portrait, remarquons en passant celui
d’une dame vetue de blanc, par M. Archer, et deux bons portraits de
femme, par M. Boxall.
En Angleterre , les peintres de genre ne sortent guere de l’anecdote, des
scenes precises, tirees du roman en vogue ou d’ouvrages d’auteurs c^lebres;
ils peignent comme ecrivait Dickens, en soulignant chaque intention, en
forfant chaque expression; ce Systeme les fait parfois friser la charge dans
les tableaux les plus serieux.
MM. Pettie et Orchardson ont traite cette annee des sujets pris dans
Shakspeare. On se souvient du succes obtenu en 1867 par ce dernier
artiste avec ses tableaux le Defi et Christophe Sly. Son Falstaff est une
composition singulierement dquilibrde : des deux personnages du premier
plan qui occupenl la gauchc de la toile, on passe ä son htiros dont la
forme rebondie s’apercoit au fond, ä droite, comme un accessoire. Ce
moyen d’effet, employd avant M. Orchardson par Delaroche dans son Duc
de Guise, donne ici ä cette scene comique une originalite qui n’est pas
deplacee; la couleur du tableau est bonne, mais la touche maigre et poin-
tillde.
MM. Elmore et Calderon ont une peinture moins britannique ([ue les
aulres; le premier est auteur d’une Marie-Antoinette precedemment cxpo-
sf'e, tableau plus important que ceux qui figuraient a Vienne; Apres le
combat, de M. Calderon, ne nous apprend rien de nouveau sur cet artiste.
La Lettre du mousse, de M. Hook, a ete avec raison remarquee, ainsi que
les compositions de M. Horsley, le Cabinet du hanquier et la Ndgociation
d’une affaire. Ces derniers tableaux pretent un peu ä la critique que nous
avons faite tout a l’heure des intentions et des expressions trop accentuees.