3'jO ' EXPOSITION UNIVERSELLE DE VIENNE.
ilans les arts qu’ils representent, la communaute de l’outil a-t-elle favorise
singulieremenl cette fusion entre voisins, a la([uelle travaillent de concert
tant d’autres causes dans la vie d’aujourd’hui.
Maintenant ne nous etonnons pas de voir, depuis pres d’un demi-
siecle, la France occuper le premier rang dans cet art international. II y
eut en Europe, apres la tourmente du commencement du siede, un besoin
general des jouissances que procurent les clioses de l’art et de lesprit; or,
pendant que les lettres nous donnaient des Chateaubriand, des Augustin
Thierry, des Lamartine, des Guizot, il se preparait cette generation
d’bommes qui, avec des genies si diflerents, jeta, a partir de i83o,tant
d’eclat sur l’art franrais et en restera l’honneur dans ce siede : Ingres,
Delacroix, Vernet, Decamps, Delarocbe, Robert-Fleury, Marilbat, Jules
Dupre; plus tard, Troyon, Th. Rousseau, Meissonier. En meine temps, la
statuaire comptait des David d’Angers, des Rüde, des Pradier. Qu avaient a
opposer a cet ensemble les pays etrangers? Etait-ce en Italie, pour la pein-
ture, le vieux Landi, ou Camuccini ou quelque nom tout aussi oublie?
La sculpture avait, a Florence, Barlolini; ä Rome,Teneram : c’etait tout.
Laisserons-nous ranger parmi les gloires italiennes les deux celebres gra-
veurs Mercuri et Calamatta, dont la vie et les ceuvres ont toujours ete si
franrais es? Si nous pässons en Allemagne, nous retrouverons les noius
tant de fois cites de Cornelius, de Schnorr, de Reutmann, du sombre
Overbeck, qui linissait sa vie a Rome en pastichant Perugin et Raphael.
En Anglelerre, les mattres du paysage et du portrait avaient disparu;
nous rencontrons quelques pemtres de genre de valeur, comme Wdkie, et
un arliste eminent, Turner, reussissant, a s’y meprendre, dans 1 imitation
de Claude Lorrain, et lombant plus tard dans Tincomprehensible lorsqu’il
voulait etre lui-meme. Quant aux aquarelhstes, ds y commencaicnt ä
peine.
Mais aucun de ces hommes n’avait en lui le soullle jeune, le genie in-
ventif, la seduction, l’audace; c’etaient des continualeurs, parmi lesquels
une generation nouvelle devait renoncer ä trouver un chef ou un porte-
drapeau.
Notre Suprematie s’etablit d’elle-meme : nos expositions annuelles etaient
visitees avec interet; les collectionneurs se multipliaient, on voyageait
facilement et davantage; peu a peu nos ateliers se peuplerent d Allemands,
dTtaliens, de Russes; le celebrc Richter esl eleve de Coignet; M. Henne
berg, de Couture; le professeur Stefl'eck, de Delarocbe; aussi n’avons-
nous pas entendu sans un legitime orgueil, a Vienne, un etranger dun
grand latent terminer le banquet du Jury des beaux-arts par ce toast,
dont nous reproduisons textuellement les termes : «Je bois, Messieuis, aux