BEAUX-ARTS.
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Artistes frangais et A la Ville de Paris, dont nous avons tous regu, & un
moment de notre carrierc, les lecons et l’hospitalite. ??
L’art, aujourd’hui, est donc partout J’art frangais repandu; on le rc-
trouve non-seulement dans son esprit, mais dans sa forme, ses moyens
et son faire. Nous avons remarquedeja combien sont generales l’habilete.
l’adresse de l’outil, les connaissances de melier; ce qui etait autrefois
le privilege de quelques-uns est devenu le privilege de toul le monde;
apres avoir etudid et appris nos procedes, on nous a suivis dans notre
engouement pour la peinture de genre, dans notre fagon episodique de
presenter les sujets, d’interesser par des scenes intimes, dans notre abandon
de la forme classique pour le paysage, en un mot, on peut le dire,
dans nos defauts comme dans nos qualites. Mais lä encore reconnaissons la
force d’un irresistible courant et l’influence des conditions de la vie mo
derne. Le public joue un role trop considerable dans la vie et la reputation
d’un artiste, pour que celui-ci ne fienne aucun compte de ses preferences
et de sesbesoins; le gout des tableaux s’est repandu dans des proportions
telles, qu’on se demande parfois avec etonnement ou peuvent se casertous
ceux que nos ateliers produisent. Or, a mesure que les amateurs augmen-
tent, les demeures se retrecissent. Le bourgeois europ^en n’habite pas des
palais comme ceux de Genes ou de Venise, dont un Tintoret ou un Ve
ronese viendront, a son appel, decorer les murs; il demeure quelquefois
dans un entreso! ou a un cinquieme etage; de la, l’abandon force de la
grande peinture, que les Etats et les Gouvernements peuvent seuls aujour
d’hui encourager et soutenir.
Une autre consequence de la mulliplicite des artistes est cette necessite,
devenue imperieuse pour chacun d’eux, d’emerger de la foule, de s’en
distinguer par une originalite quelconque, qui attire, coute que coule.
l’attention du public. D’oii la recherche de mille moyens pour y arriver :
sujets terribles ou scabreux, coloris bizarre, proc^d^s excentriques. Ce besoin
du coup de pistolet (c’est l’expression consacree) est general; mais, comme
on a toujours un penchant a se montrer plus severe pour autrui que pour
soi-meme, les Prangers nous le reprocbent comme un defaut national.
Dans un livre tres-consciencieux et tres-bien fait d’ailleurs sur la peinture
frangaise, l’auteur, M. Julius Meyer, y voit un signe de notre decadence;
il l’attribue au dereglement de nosmceürs, et, bien entendu, au servilisme
dans lequel nous a tenus le dernier Empire!
Que dans le d^ploiemenl d’invention de nos artistes le but, qui consiste
a frapj>er la foule, soit souvent depasse, avec maladresse, nous ne le nierons
pas. Nous ne disconviendrons pas davantage que l’envie de r^pondre aux
instincts d’une certaine classe de public ne nuise souvent a la dignite de nos