BEAUX-ARTS.
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ne sauraient etre perdus pour le temps et le pays qui les verraient naitre.
Mais si, a certaines epoques, les grands genies deviennent rares, si les
hommes eminents que la inort frappe chaque jour ne sont pas remplacös
des le lendemain par des maitres de leur taille, ne nous liätons pas
d’en accuser l’impuissance de nos efforts, ni l’enseignenient public, ni lei
rdgime de libert^ ou d’autoritd sous lequel nous pourrons vivre : les repu-
bliques antiques ont eu leurs grands artistes, le rbgne de Louis XIV a eu
les siens. Dans ces declins d’un mornent, reconnaissons qu’en dehors des
volont&s humaines la Providence, dont nous ignorons les sccrets et qui
dispense a la terre les hommes de genie, se plait parfois ä les seiner a
pleines mains parmi nous, et s’en montre en d’aulres temps plus avare;
regardons l’avenir de l’art avec confiance, et soyons fiers, quanta nous, de
possdder dans cette seconde moitie de notre siede tant de talents eprouves,
tant d’hommes jeunes et valeureux, pour maintenir fermement a sa hauteur
la banniere francaise. Toutes les epoques de notre histoire ont eu leurs
impatients et leurs decourages : mais le rang que nous avons su ronquerir
a Vienne par notre Industrie et par nos beaux-arts enleve a tous le droit
de desesperer de notre pays.
Novembio 1873.
Maürice COTTIER.