INSTRUCTION PRIMAIRE ET INSTRUCTION SECONDAIRE. A2P
rait a l’exposition des orientalistes dans le Palais de l’Industrie, a Paris.
J’aime mieux les globes grossiers peints sur des noix de coeo qui se trou-
vaient a Vienne a cöte de la mappemonde des brahmines; on a du moins
essaye d’y Iracer les cinq parties du monde. Mais les brahmines n’aiment
pas cette nouveaute; ils pretendent maintenir la tradition, et ils cherchent
a ecarter les Anglais autant qu’ä se tenir eloignes d’eux : la mappemonde
exposde est une rarete qu’on ne laisse pas volontiers entre les mains des
Europ^ens, et il parait que ce n’est pas sans peine qu’on est parvenu a se
la procurer.
L’Inde exposait des photographies de ses ecoles. Sous un hangar cou*-
vert de chaume et ferme d’un seul cote, on voyait les enfants accroupis
par terre, tenant leur stylet et leurs tablettes qui s’ouvrent et se ferment a
peu pres comme une jalousie, lisant ou poingonnant les lettres sous les
ordres d’un maflre ä barbe blanche, accroupi comme eux. A les regarder
dans un moment ou ils auront du se tenir relativement tranquilles sur la
recommandation du pbotographe, on soupfonne que la discipline ne doit
<5tre rien moins que parfaite. Ce ne sont pourtant pas les rnoyens de r4-
pression qui manquent. Voici plusieurs petits garcons en penitence : celui-ci
a un picd ä terre, l’autre en l’air, et doit demeurer immobile en touchant
le sol avec l’index de sa main droite; celui-la est suspendu avec deux
cordes par les epaules et battu de verges; un troisieme est altach^ a unc
poutre par les talons, la tete en bas.
II suffit de voir une pareille ecole et un tel mode de punition pour
juger de la barbarie d’un peuple.
Les Anglais ont entrepris de regenerer Finde par l’instruction; on peut
mesurer l’etendue de Ja tache par l’etat oii eile se trouve aujourd’hui, et
par cette consideration que l’entreprise porte sur 200 millions d’individus
parlant plus de dix langues distinctes, et qu’il faut pour chacune d’elles
creer un materiel distinct de livres detude. Los Anglais ont deja, comme
nous l’avons dit, des Colleges dans les grandes villes; ils ont de plus des
ecoles primaires superieures, tenues par des maitres anglais, dans chaque
zillah ou district, et, dans certaines communes, des ^coles primaires de
(legre inferieur, trop peu nombreuses encore. On donne les elements de
l’inslruction aux gargons; on forme quelques indigenes a devenir institu-
teurs; j ai vu des cartes de geographie dessinees de memoire par des Hin-
dous de Fecole normale de Madras, äges de vingt a vingt-deux ans, qui
n’auraient pas ete indignes d’4lre mises en parallele avec des cartes l’aites
dans les memes conditions par nos 41eves-maitres. On enseigne aux pe-
tites fdles, qu’on laissait auparavant dans la plus complete oisivet^, ä se
servir d’une aiguille en meme temps qu’a lire: on s’applique ä preparer