INSTRUCTION RR IM Al RE ET INSTRUCTION SECONDAIRE. 427
d’ecoles gratuites populaires *. La IGgislature de l’Etat, cinq ans apres, en
1G/17, Gtablit une loi portant que chaque tovtmship contenanl 5o familles
serait lenu d’entretenir un instituteur charge d’apprendre ä tous les en-
fants de Ja localile Ja Jecture et l’ecriture; que chaque township ayant
100 familles aurait une ecole de grammaire 2 .»
Lorsque les Etats-Unis, devenus independants, travaillaient a se donner
une Constitution, Washington exprimait la pensee de ses concitoyens en
disant, en 1790, dans le Congres : «Dans tout pays, l’instruction est le
fondement le plus sür du bonheur public; mais, chez un peuple oü les
mesures adoptees par le Gouvernement dependent autant quaux Etats-
Unis des idees dominantes, l’instruction est indispensable 3 .»
Apres l’emancipation, le probleme se compliqua. L’immigration intro-
duisait chaque annee un grand nombre d’adultes, dont beaucoup, surtout
parmi les Irlandais, etaient illettres : c’etait en quelque Sorte une invasion
de barbares. En 18/10, a l’epoque de la premiere statistique, on trouvait
54q,ooo blancs au-dessus de vingt ans qui ne savaient ni lire ni ecrire;
en 1870, il y cn avait 1,871,000. C’est surtout dans le Sud que le mal
est grand : dans le Nord, on ne comptait que 5,7 p. 0/0 d’illettres, dont
plus de la moitie elaient des etrangers; dans l’Ouest, 11 p. 0/0; dans le
Sud, 29 p. 0/0. «Si une armee ennemie, ecrivait M. Eaton, surintendant
du departement de l’education, menaijait nos frontieres, la nation tout
entiere se leverait en armes. Mais des bataillons ennemis, plus redoutables
encore que ceux du dehors, occupent deja nos villes et nos campagnes;
la grande armee de l’ignorance s’avance, toujours plus epaisse, plus in-
vincible. L’histoire nous montre avec quelle peine on arrive a la civilisa-
lion et avec quelle facilite on retombe dans la barbarie.»
Les Americains ont toujours considerG l’instruction populaire comme
un des rouages de leur Systeme politique, et ils ont compose leur Systeme
pedagogujue sur cette donnee. kPoui - prGparer un peuple au selj-govern-
mmt, dit Barnard, il laut avant tout developper le sens moral; si on ne
cultive que l’intelligence, rien n’est fait.n «L’education, dit Hör. Greeley,
doit avoir pour but de developper la nature entiere, morale, intellecluelle
et physique. Elle doit faire un homme dont 1 espnt soit eclaire et actif, les
sentiments purs et fermes, le corps beau et vigoureux. Le travail de
l’homme est d’autant plus productif que son intelligence est plus cul-
tivee.»
1 Horace Mann, qui a ete, de 1887 ä 18/19,
le surintendant de i’education du bureau de
Boston, et qui a ete le veritable fondateur
du Systeme des (icoles americaines, ecrirait:
•'Massachusetls iiad tlie lionor of pslablishinj;
«the first System of free schools in the world.n
2 M. Hippeau, VInstruction publique aux
Etats-Unis.
3 Gite par M. de Laveteyo, I,’Instruction du
peuple, p. 3 .‘5 7.