INSTRUCTION PRIMAIRE ET INSTRUCTION SECONDA IRE. A A3
cii 1789, surtout les cahiers du Tiers Etat, contiennent de tristes reve-
lations sur l’etat general de l’instruction populaire; ils sollt unanimes a
demander Torganisation d’un Systeme d’inslruclion publique et la creation
de petites (icoles dans les campagnes. L’instruction publique fut, en effet,
une des preoccupations de la Constituante et des Assemblees qui lui succe-
derent; mais les projets et les discours precederent de longtemps l’applica-
lion de mesures efficaces. Le Comile de inendicitd, en preparant un projet
de loi sur l’assistance publique, avait compris qu’il ne suffisait pas d’as-
surer des secours ä la vieillesse et aux infirmites; il lui paraissait plus
important encore de donner a Tenfance uue instruction qui put rendre le
travail de Tadulte produclif, prevenir la mis&re, et elever a la fois la
condition materielle et morale de la nation. «Les hommes, disait Talley-
rand, qui fut charge du rapport, soiit declares libres, mais ne sait-on pas
(jue Tinstruction agrandit sans cesse la sphere de la liberte civile et seule
peul maintenir la liberte politique contre toutes les especes de despolisme? »
Le jirojet de loi portait : «11 scra cree et organise une instruction pu
blique commune ii tous les citoyens, gratuite ä l’egard des parties d’en-
seignement indispensables pour tous les hommes, et dontles etablissements
seront distribues graduellement dans un rapport combine avec la division
du royaume.»
Au premier degre, devaient etre des ecoles primaires, dans lesquelles
on enseignerait la lecture, l’ecriture, les Elements de la langue frangaise,
les quatre regles de Tarithmelique, la geograpbie du departement, et meine,
dans les gros bourgs, le dessiu geometral. Les instituteurs devaient avoir
un traitement de Aoo a 1,000 livres, soinme qui equivaudrait ii peu
pres a un traitement double aujourd’hui, et, apres vingt ans d’exercice,
une retraite egale au traitement. Au second degre, Talleyrand plagait au
chef-lieu du district une ecole dans laquelle un cours de sept annees
conduisait les eleves jusqu’en logique et en mathematiques; au troisieine
degre, au chef-lieu du departement, des ecolcs speeiales pour former des
ingenieurs, des pretres, des medecins. Le projet, qui, repoussant l’obliga-
tion, admeltait la gratuite au premier degre, et qui, par une singuliere
bizarrerie, ne permettait pas aux petites fillcs de rester dans les ecoles au
delii de Läge dehuit ans, temoignait d’excellentes intentions; mais il pro-
metlait beaucoup trop, surtout au ddbut d’une Organisation, et, dans la
hierarchie d’ecoles qu’il avait imaginee, il s’appliquait plus a mettre une
apparente regularite qu’a salisfaire dans la juste mesure a des bespins
reels. La Constituante n’eut le temps ni de le voter, ni meine de le dis-
cuter.
Condorcet reprit a peu pres les meines idees sous la Legislative : une