INSTRUCTION PRIM Al RE ET INSTRUCTION SECONDAIRE. 463
cet aspect, le progres devrait etre plus sensible, parce qu’il s’opere de deux
fat;ons, par la disparition des generations les plus ägees, qui sont les moins
instruites, et par la venue de generations nouvelles, qui ont probte des ecoles.
Si Fon dresse la carte des departements d’apres le degre d’avancement
de leur instruction primaire, on est frapp4 de Fordre geographique dans
lequel ils sont groupes, et Fon ne peut s’empecher d’y voir Finfluence des
races qui composent aujourd’hui la nation franfaise, et qui, rnalgre la re-
marquable unit4 h laquelle cette nation est parvenue, s’accusent encore au
jourd’hui par la diffdrence d’aptitude a recevoir Finstruction. Si Fon tire
une ligne allant de la baie du mont Saint-Michel jusqu’au point ou la
Saone entre dans le departement de Saöne-et-Loire, et de ce point a Fem-
bouchure du Rhone, presque tous les departements situes au sud et a Fouest
de cette ligne comptentmoins de 70 lettres par 100 habitants, c’est-a-dire,
d’une maniere generale, sont au-dessous de la moyenne. II n’y a a cette
regle que quelques exceptions, dontla plupart s’expliquent aisement; ainsi
le riche ddpartement du Rhone s’dlbve au-dessus de cette moyenne, ainsi
que les departements, riches aussi, de la Loire et de la Gironde. Au nord et a
Fest de cette m&me ligne, presque tous les ddpartements sont au-dessus de la
moyenne; il n’y a d’exception que pour le Nord, ou la population flamande
est encore tres-ignorante, et pour trois departements du midi, Vaucluse, Yar
et Alpes-Maritimes. Nos provinces du nord-est, Champagne, Lorraine,
Franche-Comtd, forment un groupe compacte qui occupe les premiers rangs 1 .
Si Fon dresse la carte particuliere de Finstruction des femmes, la meine
loide distribution geographique devient encore bien plus manifeste. Au sud
et a Fouest de la ligne que nous venons de tracer, on ne trouve plus que
quatre departements qui depassent la moyenne, et Fignorance s’etend au
sud sur toute la Provence. Les dix departements du nord-est et le territoire
de Reifort forment un groupe compacte qui occupe encore le premier rang;
les trois departements de la Haute-Marne, de la Haute-Saöne et du Doubs,
ayant plus de 90 femmes sachant lire, ne sont ^ga!4s que par le ddparte-
ment de la Seine, ou affluent les adultes ayant refu quelque instruction,
et les sept autres, ayant de 80 a qo femmes sachant lire, ne rencontrent
dans tout le reste de la France que trois departements qui puissent leur
etre compares : le Rhone, ou Lyon exerce a peu pres la meine influence
que Paris, l’Orne et le Calvados.
Quelle que soit la repartition, le resultat gendral pour Fensemble de la
1 Lecertifical d’etudes primaircs, exceilente
Institution que ta ville de Paris a adople, s’est
facilement naluralise dans la region du nord
est. Sur 00 el&ves qui ont qiiitte les ecoles
primaires du territoire de Beifort en 187.3 et
en 1874, 3go ont obtenu ce certificat. (Voir
les rapports de M. l’inspecteur Armsbruster au
Conseil deparlemental.)