INSTRUCTION PRIMAIRE ET INSTRUCTION SECONDA1RE. /i69
lacunes de notre Systeme pedagogique. Les Francais y attachaient autrefois
f peu d’importance, parce qn’ils avaient ete habitues a regarder leur littera-
Inre comme la regle du gout, et parce que les etrangers, apprenant beau-
coup et parlant volontiers le frangais, les dispensaient en quelque sorte
d’apprendre les langues etrangeres. II laut ajouter que les jeunes Frangais
ont rnoins de facilite pour apprendre l'anglais ou l’allemand que les jeunes
Allemands et les jeunes Anglais, suivant le cours d’etudes classiques, n’en
ont ä apprendre le francais, parce qu’ils ne trouvent ni dans leur propre
langue ni dans le latin les racines et le gerne de ces deux langues mo
dernes. Les langues vivantes s’introduisirent d’abord comme cours acces-
soires et facultatifs, puis comme classes regulieres en i852; en i863,
M. Duruy, pensant avec raison qu’il fallait commencer de bonne beurc
cette etude pour la rcndre profitable, en plaga le debut dans les classes
de grammaire, et rendit cette etude obligatoire jusqu’a la quatrierne, fa-
cultative apräs la quatrierne.
M. J. Simon, pendant son ministere, s’est appbque a encourager cette
meine etude L Elle entrait dans le plan general des reformes qu’il se pro-
posait d accompbr etqui sont resumees dans l’instruction ministerielle du
17 septembre 1872: accroitre l’importance des langues vivantes en les
mettant ä tous egards au rnenie rang que les autres facultes; fortifier le
corps par des exercices plus frequents de gymnaslique, d’escrime, d’equi-
tation ou de natation; donner quelques notions d bygiene; faire une place
plus large a l’enseignement de la geograpbie, dont l’enseignement avail etc
tres-amoindri par la Suppression de la classe qui 1 ui etait consacree. Le
Programme universitaire ne comprenait guere que 1 etude du latin dans
le principe; on y a successivcment introduit le grec, l’histoire, la geogra
pbie, les Sciences : il est impossible d’ajouter toujours sans retrancher quel-
^ quefois. C est dans cette pensee que le ministre diminuait le temps consacre
aux devoirs dictiis, aux themes et aux vers latins, voulant que les eleves
s appliquassent plus a lire les bons auteurs de l’antiquite qu’a ecrire avec
(ilegance une langue morte. Ces changements, dont plusieurs marquaient
un progres, avaient ^te introduits dans les lycees avant la loi qui reorgani-
sait le Conseil superieur de l’instruction publique; le Conseil supericur ne
les a pas tous ratifies.
Les lycees ne sont pas fermes aux reformes; l’introduction de facultes
que les besoins de la societe moderne imposaient en quebjue sorte a l’ins
truction publique, et les remaniements, tro[> frequents peut-etre, des pro-
1 Voir, entre aulrcs brochures recenles sur
cello queslion, Des langues vivanies et de leur
enseigmmentpar A. Weil (1878); L’enseigne-
menl des langues vivantes en France, par Hein
rich (1871).