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TRAVAUX DU GENIE CIVIL.
sucl-est par le sud, et ies courants qui passent sur la chauss^e sont des
plus violents. Hs sont de plus de neuf nceuds dans les grandes marees, et
rendent la mer tres-grosse a la moindre brise contraire. Pendant les
reconnaissances, ni les ingenieurs ni les marins ne purent descendre sur
la röche; une seule fois le syndic des gens de mer y rdussit, et rapporta un
echantillon du gneiss dont eile est formee. Pour arreter les dispositions a
prcndre, on dut ainsi se contenter de renseignements approximatifs sur la
configuration de la röche.
Le mode d’execution des travaux a consiste : i° h percer, sur tont l’em-
placement que ledifice devait occuper, des trous de 3o centimetres de
profondeur, espaces de metre en metre environ; 2 0 a sceller dans ccs
trous des goujons en fer destines a servir de points d’appui pour la prä
miere assise de maconnerie, a fixer celle-ci au rocher, et en outre a relier
ensemble les parties lissurdes de la röche. Pour un travail aussi perilleux,
on dut recourir aux pecheurs de l’ile de Sein, seuls ouvriers capables
d’aflronter les diflieuMs qu’il presentait. On passa avec eux un marche a
forfait; on leur fournitdes outds et des ceinfures de sauvetage, et ils se mirent
resolument a 1’oeuvre en 1867. Des qu’il y avait possibilitd d’accoster, les
ouvriers descendaient sur la röche, munis de leur ceinture de sauvetage,
se couehaient sur eile, s’y cramponnaient d’une main, tenant de l’autre un
fleuret ou un marfean, et travaillaient a forer des trous de scellement avec
uneactivitd febrile, incessamment couverts par les lames qui deferlaient
par-dessus leurs tetes. L’un d’eux etait-il empörte, la violence du courant
lentrainait loin de l’ecueil contre lequel d se serait brise, sa ceinture le
soutenait, et une embarcation allait le ramener au travail. Dans la pre-
miere Campagne, en 1 8G7, on put accoster sept fois, travailler durant
8 heures en tout, et pcrcer i5 trous. Dans la Campagne suivante, il y ent
16 accostages, 18 heures de travail et ko nouveaux trous de perces. En
i8fiq, on entreprit l’execution des mac.onneries. De forts goujons en fer
furent implantes dans les trous et cnveloppes de moellons assujettis avec
du cimenl Parker, a prise rapide. Profitant de la moindre accalmie, chaque
ouvrier posait un moellon, se cramponnant ä la röche a l’arrivee d’une
grosse larne. On parvint ainsi a executer dans cette Campagne 2 5 metres
cubes de mafonnerie.
Dans les campagnes suivantes, les difficultes du travail, tout en restant
enormes, ont diminue au für et a mesure que les maconnerics s’elevaient
et qu on pouvait ameliorer les conditions d’accostage et de debarque-
rnent.
On a d’ailleurs substitue, d£s 1871, au ciment Parker le ciment de
Portland, qui presente de plus söres garanties contre la decomposition des