NSTRUCTION PRIMAIRE ET INSTRUCTION SECONDAIRE. 511
de democratiques. D’ailleurs, pour que, dans une societd dömocratique,
le peuple s’instruise, il faut qu’il soit au moins capable de comprendre la
valeur de l’instruction.
II estä remarquer, que dans l’echelle de l’instruction, les premiers rangs
sont occupes par des colonies, et que ces colonies appartiennent A des na-
(ions, a des langues et a des races differentes. On peut dire, avec quelque
raison, que pour les colonies nederlandaises et d’autres, l’instruction se-
condaire se confondant. avec l’instruction primaire augrnente la moyenne ;
mais ce niotif ne saurait etre allegue pour la population europeenne de
l’Algerie, qui est a peu pres la premiere sur le tableau, puisqu’elle occupe
le inerne rang dans l’instruction secondaire, et le petit nombre d’indigenes
qui fr^quentent les ecoles ne parait pas älterer sensiblement la propor-
tion. II laut qu’il y ait une cause generale de cette superiorite. Je la tronve
dans la composition mihiie de ces populations, formdes presque exclu-
sivement de colons, marchands, laboureurs ou artisans, d’origine euro
peenne, ayant plus de ressort que la plebe indigente des villes ou que la
masse, souvent indifferente, des campagnes; chacun y sent le prix de l’ins
truction et veut en assurer le benefice ä ses enfants. Mais, si la colonie
renferme des races inlerieures, coolies, negres, et surtout si ce desavan-
tage se cornplique de la lourdeur du climat intertropical, la plebe igno
rante reparait, et l’on a,comme dans les colonies sucrieres de la France
ou dans la Guyane britannique, un niveau tres-bas: la Guyane nederlan-
daise est une exception.
6° On peut chercher quelle action exerce le degre de richesse d’un
peuple. Comme il faut depenser beaucoup d’argent pour instruire la masse
entiere d’une nation, en recommenfant sans cesse la Dieme ceuvre a chaque
g^neration, il est certain que la richesse donne de grandes facilites. G’est
surtout en depensant beaucoup d’argent que les Etats-Unis ont oblenu de
grands resultats. 11 n’est pas douteux tjue le defaut de ressources pecu-
niaires dans les campagnes ne soit un des obstacles qui arretent aujourd’hui
le zele des pedagogues russes.
II faut reconnaitre cependant que c’est encorc la une cause secondaire;
d’autres prevalent souvent. La Suisse et la Scandinavie, quoique tres-rnedio-
crement riches, sont largement pourvues d’ecoles, et depensent pour cet objet
par tete d’habitant beaucoup plus que ne le lont des societes plus riches.
II y aurait meme lieu d’etudier avec precision l’influence bonne ou mau-
vaise que peuvent avoir de nombreuses et riches industries manufactu-
rieres. D’une pari, elles permettent d’avoir beaucouj) d’argent, des ecoles
bien meublees, surtout de grandes ecoles qui, bäties pour une population
plus deuse, peuvent etre convenablement amenagees a moins de frais par