INSTRUCTION PRIMAIRE ET INSTRUCTION SECONDAIRE. 515
plus grande ni plus ombrageuse qu’ailleurs, ont decrete robligation,
quelques-uns depuis plus de trente ans, et paraissent n’en avoir retire
jusqu’ici aucun avantage; notamment le Portugal, l’Espagne, lltalie,
dont les progres recents sont dus k d’autres causes, la Grece et la
Turquie.
L’obligation scolaire ne nous parait vieler en aucune fagon les droits de
l’homme. On peut la deertiter et eile peut etre d’un utile secours pour
pousser dans les ficoles les derniers retardataires. Mais eile n’a pas la
puissance qu’on lui attribue : dune nation ignorante eile ne fera jamais
par elle-meme une nation instruite, parce que, la ou les delinquants et les
indifferents constituent la grande majori(4, la loi est condamnee a n’etre
qu’une lettre inorte.
i o° Plusieurs Etats ont etabli la gratuite complete des ecoles publiques.
Les Etats-Unis la regardent comme etant intimement liee ä leur Consti
tution politique. La majorite des cantons suisses agit de m4me; dans les
Etats scandinaves, la gratuite est sinon absolue, du moins presque gene
rale, et c’est quelquefois en maniere d’amende qu’on fait payer les legons
particulieres donnees aux enfants arriO’4s. Comme ces Etats ont une
bonne instruction, leur exemple est d’un grand poids. Mais les Etats alle-
mands font payer les parents et ne sont pas pour cela moins avances.
La gratuite qui est absolument n^cessaire, c’est celle qui consiste ä laisser
entrer a l’ecole tous les enfants indigents sans aucune restriclion pour
ceux-ci, comme sans faiblesse pour ceux qui peuvent acquitter une rOri-
bution, dont le taux doit etre loujours modique; la France la possede par
la loi de 1833; certaines restrictions administratives qui y avaient ete
apportees durant la premiere partie de l’Empire ont disparu. La loi de
1867, par contre, a ouvert ä la gratuite un champ peut-4tre trop large.
La rendre universelle serait deplacer la d^pense, et la transporter des pa
rents qui sont en dtat de payer aux communes, ou plus souvent encore,
comme l’a montre l’application de la loi de 1867, a l’Etat. Quelque bonne
volonte qu’aient les communes et l’Etat de se montrer gen^reux envers les
^coles, on paralyserait probablement ainsi pour un assez long temps les
ameliorations, parce qu’il faudrait d’abord combler le deficit des 20 mil-
lions de la retribution scolaire.
La plus solide argument peut-etre en faveur de la gratuite generale,
en France, c’est que les ^coles primaires tenues par certaines congrega-
tions religieuses sont gratuites, et qu’il faut tenir la balance egale entre
l’ecole congreganiste et l’ecole la'ique. On a souvent dit et nous avons dit
nous-meme qu’on attache d’ordinaire peu de prix aux choses qu’on ne
payepas, et que l’ecole risque d’etre moins regulierement suivie; d’une