INSTRUCTION PRIMAIRE ET INSTRUCTION SECONDA1RE. 517
insti'uction ont augmente les traitements; la diminution de la valeur de
l’argent et les exigences plus grandes de la vie actuelle le commandaient.
La France les a quelque peu releves aussi. Hs ne sont pas encore au taux
auquel il serait utile de les porter. Talleyrand, il y a quatre-vingts ans,
projetait de leur donner plus qu’on ne fait aujourd’hui. II faut donc s’ap-
pliquer a augmenter les ressources de l’instruclion populaire en demandant
davantage a l’Etat, aux coinmunes surtout et a la generosite privee, qui
joue un si grand role aux Etats-Unis. G’est pourquoi, en songeant ä la
diversite des emplois utiles qu’auraient pour l’enseignement quelques mil-
lions de plus, ä la necessite dans laquelle la France, connne toutes les
nations civilisees, sera, malgre les lourdes cliarges du budget general,
de grossir pour ainsi dire d’annee en annee ce budget particulier, dont
les depenses sont d’ailleurs un des placements les plus manifestement lu-
cratifs par l’accroissement des forces productives, je ne verrais pas sans
inquietude proposer aujourd’hui la gratuite absolue, c’est-a-dire le retran-
chement ou le transfert ä la cbarge de la communaute du quart des re-
venus des ecoles.
i 2° Pour avoir de bons maitres, il faut non-sculement les bien payer,
niais les former par de bonnes methodes et s’assurer de leur instruction
par des examens bien diriges. On concoit ais^ment pourquoi il est si
difficile d’elever le niveau de l’instruction generale dans une nation ar-
rieree; d’une pari, cette nation est peu disposee a faire des sacrifices d’ar-
gent et a s’astreindre a envoyer ses enfants aux ecoles en vue d’un resultat
dont eile est incapable d’apprecier l’importance; d’autre part, on inanque
de jeunes gens instruits pour remplir les fonctions d’instituteur; on
inanque d’inspecteurs capables de leur donner une direclion utile et
d’examinateurs qui sacbent interroger; car il ne faut pas s’imaginer qu’on
improvise un tel personnel. Les Etats-Unis, qui peuvent etre ä plusieurs
titres cit^s comme des inodeles, ne le sont certainement pas a cet egard;
quoique l’instruction y soit tres-rdpandue, la mobilitii des fonctionnaires
de l’ordre pedagogique n’offre pas de garanties süffisantes. L’Angleterre en
offre moins encore; quoique ses grandes associations possedent quelques
ecoles normales remarquables et que ses inspecteurs soient en general des
hommes distingues, eile n’a pas eu jusqu’en 1870 de contröle efficace, et
la qualite de l’enseignement s’en est ressende.
La France a retird de grands avantages de la cr^ation d’un inspecteur
par departement en 183 5 , et plus encore de la crdadon d’un inspecteur
primaire par arrondissement en i85o. Ce n’est pas encore assez, chaque
arrondissement comptant en moyennc 100 communes. Il importe de se-
conder l’inspection par une delegation cantonale active et devouee, et i