GEOGRAPHIE.
II
•i'i.)
GES ATLAS.
France. — Au temps des Samson, des Delisle, des Jaillot, la France
n avait pour ainsi dire pas de rivaux pour la gravure des cartes d’atlas.
Sans remonter aussi haut et sans parier memo de l’oeuvre des Cassini, qui
est de l’ordre topographique, eile n’^tait certainement pas inferieure aux
etrangers, lorsque ßrue gravait, avec un soin deiicat, son atlas universel;
on pouvait s’en convaincre ä l’Exposition, en examinant l’oeuvre de l’lnstitut
de Weimar, qui avait expose ses anciennes productions ä eote de la der-
niere edilion de ses cartes.
Pourquoi la France s’est-elle laissee distancer depuis celle epoque?
Pourquoi s’est-elle contentee d’offrir trop souvent a l’enseignement et au
public des dessins rapidement esquisses, des montagnes systematiquement
inexactes, des ceuvres incompletes ou arrierees? Pour bien faire, ce ne
sont pas les graveurs et les dessinateurs qui lui auraient manque : cer-
tains travaux le prouvent, comme les cartes de l’Histoire du Consulat et
de l’Empire et l’atlas du Cosmos en 26 cartes, dresse par M. Vuillemin,
et que le Jury a remarque. Sans doute les dessinateurs instruits et les bons
graveurs, surtout les graveurs de montagnes, sont trop rares; la France a
perdu plusieurs fois de bons ouvriers, et eile n’a pas tonjours su les rem-
placer; I apprentissage ordinaire est presque toujoursinsulfisant. Cependant
les exigences des auteurs qui font faire des cartes et des consommateurs
qui les achetent auraient pu, en France aussi bien que dans d’autres pays,
obliger les graveurs ä triompher de ces difficultes, si auteurs et consom
mateurs avaient su etre exigeanls. Graveurs et dessinateurs auraient abso-
lument besoin dune certaine Instruction theorique qui leur manque pres
que toujours; il serait mkessaire d’instituer quelques cours du soir, 011
une ecole d’apprentissage pour eux; c’est pourquoi nous applaudissons ü
la creation de la section d’apprentis dessinateurs et graveurs que vient de
fonder l’ceuvre de Saint-Nicolas, sous la direction de M. Erhard. Ce ne
sont peut-etre pas non plus les savants ni les editeurs qui auraient fait
defaut; cesl surtout le gout du public. Naguere encore il s’interessail.
mediocrement ä la geograpbie ; acbetant peu et ne voulant pas mell re
un pnx süffisant a un objet qu’il estimait peu, il decourageait le travail
et l’entreprise; la carte invendue vieillissait, et l’auteur etait impuissant
a suivre les changements qu’amenaient la politique et les dticouvertes.
Le peu de succes qu’a eu l’atlas spheroidal de Garnier, qui, apres le ßrue,
est une des oeuvres les plus consciencienses de notre temps, en est un te-
IV.
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